...

Il y a cinq ans, l'expo BXL Universel I: un portrait subjectif, qui célébrait les dix ans, intervenait quelques mois après les attentats: ce deuxième volet intervient cette fois en pleine pandémie. Le but de BXL Universel II: Multipli.city est une fois encore de montrer la diversité de la ville, en invitant des artistes, la plupart d'origine étrangère, à réfléchir à l'interaction dans la ville entre l'individuel et le collectif, notamment par le biais de projets participatifs. C'est le cas notamment de ce baobab des griots en tricot, oeuvre participative de Stephan Goldrajch: un arbre à palabres spectaculaire, à la fois invitation au dialogue et tisseur de liens au propre comme au figuré. Younes Baba-Ali met un policier à contribution racontant des blagues dans différentes langues, avant de les crier à l'aide d'un mégaphone dans Sirens, installation vidéo. Oussama Tabiti se sert lui d'un parlophone dont les différentes sonnettes content les récits de différentes personnes arrivées à Bruxelles. En ces temps de confinement, Vincen Beeckman restitue l'ambiance de deux cafés, l'un marocain rue du Midi, l'autre remplit d'ambianceurs africains près des abattoirs d'Anderlecht. Plus exotique encore, le triptyque filmique de Lazara Rosell Albear, Cubaine de Bruxelles, restituant les rituels de la santeria (vaudou) hypnotique. La Vénézuélienne Sabrina Montiel-soto propose une installation dans l'esprit de Josef Beuys, conférant aux objets une âme voyageuse, eux qui ont été glanés par l'artiste durant ces périples à Bruxelles et dans le monde: la plasticienne les dispose de façon à conférer à l'ensemble une cartographie de l'espace, espace qui se veut mental par son exploration des cultures qu'elle propose, spirituelle et universelle. Dans ce parcours diversifié par les médiums utilisés et les approches proposées, la peinture a aussi sa place: celle murale de la Néerlandaise Hadassah Emmerich est un mixte d'abstraction et de figuration pétulantes, de couleurs, teintées d'exotisme, en opposition complète avec les dessins d'une beauté froide, décharnée, d'inspiration totalitaire et digne de 1984 d'Orwell de la Bulgare Aleksandra Chausova. Mais l'autre pièce la plus spectaculaire et participative qui flanque d'ailleurs l'arbre à palabres est celle de Pélagie Gbaguidi, une Béninoise de Bruxelles: elle a fait réagir par images des élèves de sixième secondaire étudiant le dessin à propos d'une ordonnance royale française de 1685 précisant l'esclavage. Un travail sur l'oubli dans l'Histoire, dont le résultat collectif est à la fois spontané et poignant. Preuve qu'à tout point de vue, Bruxelles Universel II: multipli.city est une exposition... collective.