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Dans le numéro de juillet d' Acta Obstetricia and Gynecologica Scandinavica, l'Agence nationale suédoise de santé public a calculé que les femmes enceintes couraient 5,4 fois plus de risques d'attraper le Covid-19 et d'atterrir en soins intensifs que les autres femmes en âge de fécondité. Le danger pour ces femmes est aussi plus important en Suède que pour la grippe saisonnière entre 2015 et 2016. Cette sensibilité accrue s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, de nombreux changements surviennent au niveau du système immunitaire pendant la grossesse, afin d'éviter les réactions immunitaires contre le foetus. En outre, la hausse de la circulation d'oxygène met les poumons sous pression, tout comme l'augmentation de volume de l'utérus à mesure que l'accouchement approche. Enfin, la coagulabilité du sang s'accentue elle aussi, alors même que la thrombose constitue un facteur pathogénétique important dans le cas du Covid-19 1. À la mi-juin, l'étude randomisée britannique Recovery affichait enfin un premier résultat encourageant avec la dexaméthasone. Ce médicament diminue la mortalité d'un tiers chez les patients mis sous respirateur ou ayant reçu une oxygénothérapie non mécanique. La nouvelle a été rendue public dans un communiqué de presse. Un petit mois plus tard, on a pu lire plus de détails sur la question dans le New England Journal of Medicine. Les auteurs indiquent que l'effet positif de la dexaméthasone intervient probablement chez les patients souffrant du syndrome hyperinflammatoire, également appelé choc cytokinique. Voilà qui cadre avec la constatation selon laquelle la médication ne fonctionne que chez les patients en manque d'oxygène : ce manque est également concomitant au syndrome hyperinflammatoire. Les patients ne manquant pas d'oxygène courraient davantage de risques avec la dexaméthasone que sans ce produit. Les chercheurs de l'étude Recovery mettent en garde : il ne faut pas trop vite généraliser et étendre ces résultats à d'autres maladies infectieuses. Le déroulement en deux temps (d'abord une phase virale, puis hyperinflammatoire), est en effet une caractéristique typique du Covid-19. De trop fortes doses administrées au cours d'une phase de réplication virale sont plus nocives que bénéfiques. Le schéma de traitement présenté dans l'étude Recovery prévoit 6 mg de dexaméthasone par jour pendant dix jours. Dans l'article paru dans le New England Journal of Medicine, ces résultats sont qualifiés de préliminaires. Un suivi sur six mois est prévu 2. Dans la revue Science, un commentaire souligne la grande productivité de l'étude Recovery qui, en quelques semaines, a non seulement mis en lumière les effets bénéfiques de la dexaméthasone, mais aussi le manque d'efficacité de hydrochloroquine et du lopinavir/ritonavir. Selon le commentateur, cela est en partie dû au travail global du National Health Service, qui pilote les 176 hôpitaux participants par le biais d'un seul système de soins. L'étude Solidarity de l'OMS, par exemple, doit faire face une multitude de réglementations, différentes dans chaque pays. En même temps, et assez paradoxalement, le Royaume uni a dû faire face, du fait de son système de santé en berne, à un afflux massif de patients hospitalisés. Du pain béni pour Recovery 3. Suite par ailleurs