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Un paysage, une voiture, des chansons de Paul Simon: trois reporters russes apparemment qui affrontent le blizzard pour aller filmer le réchauffement de la banquise. Ailleurs, c'est la chaleur qui règne, les meubles qui fondent, quand ce n'est pas les ouragans qui les emportent. Les trois compagnons témoignent, se risquent à le faire et disparaissent à tour de rôle... Une histoire sans paroles, un récit de notre temps qui avec une rare poésie passe de l'infiniment grand à l'infiniment petit: de l'ours blanc plus vrai que nature sur scène, à la voiture miniature prenant les corps pour paysage. C'est d'une poésie rare, mêlant marionnettes aux acrobaties, d'une précision diabolique et d'une rythmique métronomique qui n'est pas pour rien dans la magie, le merveilleux que ce spectacle court dégage, porté par cinq comédiens et marionnettistes incroyables de souplesse et d'adresse, aussi acrobates que clowns ou mimes. C'est une chorégraphie qu'ils exécutent en fait, une litanie corporelle pour la nature dans l'espoir de sauver la planète. Mais sous la féérie de l'envol du flamand rose, des circonvolutions menaçantes du requin, et les bruitages du vent rugissant, de la pluie battante, du blizzard ou du tonnerre, s'entend également un plaidoyer muet: celui de la banquise qui se craquelle, des tsunamis qui annihilent, tout de la tornade qui dévaste, de la chaleur qui fait fondre... Bref de la réalité du changement climatique et de l'humanité qui fait semblant de rien, continue à tondre la pelouse pendant que le forêt derrière est en flammes (but Dont look up!). Un spectacle magnifique, hypnotique, sans paroles, mais pas sans... discours