Le contact-tracking respecte, selon le patron de la plateforme eHealth, Frank Robben, toutes les recommandations relatives à la vie privée. Le personnel des call-centers est en effet tenu au secret professionnel. Cependant, une appli telle la DP-3T serait meilleure qu'un système manuel. Et, paradoxalement, moins intrusive.
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jdM : Que peut-on dire aux médecins qui sont inquiets pour le respect de la vie privée dans la mesure où ils entretiennent au sein du colloque singulier un contrat de confiance avec leurs patients et qu'on leur demande subitement de les dépister et les " tracer " ? F.R. : Tous les patients testés positifs seront centralisés chez Sciensano. Le call-center est un environnement commun élaboré par les Communautés et Régions qui y placent leurs collaborateurs. À ce niveau, aucune donnée de santé n'y est stockée. Il y a simplement des informations sur les personnes à contacter et leur numéro de téléphone. Tout le personnel qui téléphone est tenu au secret professionnel. Les informations sur les personnes infectées viennent des médecins et des laboratoires d'analyse. C'est la source d'information. On prend contact avec la personne [infectée] et on lui demande avec qui il a été en contact deux jours avant le début des symptômes jusque sept jours après le début des symptômes. Ces personnes de contact sont appelées SANS révéler par qui elles ont été contaminées. On leur dit seulement qu'elles ont été contaminées. Point. On évalue ensuite si ce sont des patients à haut ou bas risque. Qui décide de ces critères ? Ce sont les médecins entre eux qui décident. Nous avons tous les jours à 12h30 une réunion avec des représentants de la SSMG, de Domus Medica, des virologues comme Emmanuel André... Un consortium (lire pages 4 et 5) proposait de faire le traçage via une application... Mais apparemment on a choisi un système " manuel ", savez-vous pourquoi ? Moi, personnellement, j'aurais préféré fonctionné avec une appli, mais il n'est pas encore trop tard ! L'appli a des avantages et, paradoxalement, c'est moins intrusif au niveau vie privée qu'un call-center manuel. Ce qui est très important, c'est d'avoir un haut degré de pénétration et que les citoyens aient confiance. L'appli s'installe sur smartphone. Cela ne fonctionne pas via satellite mais via des échanges en Bluetooth. En installant l'appli, il y a un code secret installé sur votre appareil. Celui-ci ne renseigne ni qui vous êtes ni où vous êtes. Ce code génère toutes les cinq minutes un " charabia ", une info de dix caractères sans contenu. De mon côté, je fais la même chose... Je génère du " charabia ". Si nous entrons en contact à moins d'un mètre et demi, le charabia de chacun est copié respectivement sur mon appareil et le vôtre. Si je suis infecté, le système vous avertira. J'insiste : cette info ne précise pas qui nous sommes ni où nous sommes entrés en contact. C'est le système DP-3T. Le code est Open Source, transparent. Il a été élaboré par des épidémiologistes et des spécialistes européens de la protection des données. Il y a encore un espoir qu'on utilise l'appli ? J'espère ! Le Fédéral a élaboré un cadre juridique mais les Régions sont compétentes pour la prévention... Mais vous comprenez bien que si seuls 5% de la population s'inscrit dans la démarche en installant l'appli, cela ne marchera pas. Il faut entre 50 et 70% de la population. En Norvège, par exemple, 80% jouent le jeu...