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Le Dr Michaël Rosseel, chef du service de cardiologie de l'ASZ, a accepté de revenir pour nos lecteurs sur le paysage des soins tel qu'il existe à l'heure actuelle, et sur ce que son service a choisi de faire autrement. " Les méthodes de traitement ont énormément évolué par rapport à il y a 25 ans", rappelle d'entrée de jeu le Dr Rosseel. "Pour prendre un exemple dans le domaine de l'électrophysiologie, là où la fibrillation atriale était autrefois traitée exclusivement par des moyens pharmacologiques, nous optons plutôt aujourd'hui pour l'isolation des veines pulmonaires (Ivp) par cryo-ablation." Cette technique permet de faire disparaître définitivement le trouble du rythme par la formation de petites cicatrices dans le coeur et, de nos jours, elle peut être réalisée d'une manière minimalement invasive, sous simple sédation, dans le cadre d'une hospitalisation de jour. Pas étonnant, dans ces conditions, que le nombre d'Ipv explose à l'ASZ! La prise en charge des cardiopathies et valvulopathies structurelles aussi a connu une évolution fondamentale. "Nous avons recours autant que possible aux traitements percutanés sous anesthésie locale. Après une implantation de valve aortique par voie percutanée (Tavi), la moitié de nos patients peuvent rentrer chez eux dès le lendemain. En ce qui concerne l'insuffisance cardiaque, les évolutions thérapeutiques se situent plutôt sur le plan pharmacologique, mais les résultats sont là aussi bien meilleurs qu'avant." L'ASZ est un centre fortement axé sur l'innovation, qui n'hésite pas à mettre en application les connaissances scientifiques et techniques les plus récentes. "Nous proposons de nouvelles techniques de pacing et examinons actuellement les possibilités de la dénervation rénale en tant que traitement novateur de l'hypertension artérielle", illustre le Dr Rosseel. " Nous utilisons cette approche dans le cadre d'une étude clinique, tout comme le traitement percutané de la valve tricuspide (une technique qui n'est actuellement appliquée que dans un seul autre hôpital (universitaire) belge), pour lequel l'ASZ participe à un essai de la FDA. Bref, nous ne restons pas les bras croisés", résume le cardiologue en riant. Le centre se concentre aussi sur le domaine de la cardiogénétique, une nouvelle sous-spécialisation qui a fait son apparition il y a environ deux ans et qui concerne notamment le traitement et la prévention de l'hypercholestérolémie familiale (HF), de la mort subite cardiaque, des cardiomyopathies et des pathologies de l'aorte thoracique. L'ASZ a constitué une équipe de généticiens spécialisés et d'infirmiers en cardiogénétique, et prévoit aussi un accompagnement psychologique. "Supposez par exemple qu'une femme soit porteuse d'une mutation associée à un risque élevé de mort subite. Nous commencerons alors par évaluer son risque personnel avant de décider éventuellement de lui implanter un défibrillateur à titre préventif. Si elle souhaite avoir des enfants, nous pourrons aussi avoir recours à la FIV pour sélectionner les embryons non porteurs", explique le Dr Rosseel. L'HF, elle, peut s'accompagner de taux de cholestérol extrêmement élevés, souvent mal contrôlés par les traitements pharmacologiques standards utilisés en première ligne. "Un petit conseil à l'attention des collègues généralistes: si vous ne parvenez pas à atteindre les valeurs-cibles pour le cholestérol chez un patient donné, il faut oser référer. Nous disposons de traitements spécifiques qui sont très efficaces en cas d'HF", souligne le spécialiste. Le Centre de médecine du coeur de l'ASZ accorde aussi une grande attention à l'humanité des soins. "C'est le patient qui est au centre du processus, dès la première consultation. Nous essayons autant que possible de proposer en une fois l'examen et un plan de traitement adapté. Lorsqu'un suivi n'est pas nécessaire, nous nous efforçons aussi de rassurer complètement les patients", explique le Dr Rosseel. Cette philosophie du "Think Patient" ("Pensez patient") va toutefois bien au-delà d'une approche conviviale. Grâce à des fonds pour l'innovation, l'hôpital veille par exemple à ce que le coût des nouvelles techniques et matériaux (souvent pas encore remboursés) ne soit pas répercuté sur les malades. Il sonde aussi régulièrement la satisfaction des usagers et de ses propres équipes et publie ses résultats annuels. "Nous communiquons en toute transparence au sujet des complications et de la mortalité hospitalière. Heureusement, nous constatons que nos résultats sont très bons, avec des chiffres de mortalité bien en-dessous de la moyenne nationale." Tous les cardiologues et chirurgiens des différents pôles1 du centre font partie d'une même association financière, de telle sorte que le choix d'une méthode de traitement donnée n'influence pas les revenus du praticien. "C'est très important", souligne le Dr Rosseel. "En cardiologie, il y a toujours plusieurs chemins qui mènent à Rome. Lorsque nous décidons d'avoir recours à une opération à coeur ouvert, une intervention mini-invasive ou une méthode interventionnelle, c'est toujours exclusivement en fonction du cas spécifique du patient." Chaque situation est examinée par l'équipe de cardiologie dans le cadre des réunions multidisciplinaires des spécialistes de l'établissement, auxquelles les cardiologues référents ont aussi la possibilité de participer via Teams. "Ils partagent leurs clichés d'imagerie et nous aident à décider de la meilleure approche pour leurs patients. C'est un système formidable", conclut le Dr Rosseel.