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Cette Mecque, c'est le bâtiment Galilée, à quelques pas du Botanique à Bruxelles, où l'Inami, le SPF Santé publique et l'AFMPS ont pris leurs quartiers début mars 2021 dans le cadre du "redesign" et de la fusion des administrations fédérales. Le bureau Binst Architects s'est chargé de relooker avec goût les anciens bureaux de Belfius. Ce n'est évidemment pas un hasard si l'art a explicitement sa place dans les nouveaux locaux de l'administration de la santé. "Ces tableaux, photos et sculptures ont tous un lien avec la communauté, la société et la santé au sens le plus large du terme ", explique le Dr Yolande Avontroodt, présidente du comité de gestion de l'Inami. " Au-delà du lien entre l'art et la santé, l'art est aussi un outil de communication et une manière de contribuer à une atmosphère positive au travail. " Yolande Avontroodt a accepté de nous faire découvrir en exclusivité les oeuvres sélectionnées - pour la plupart - par Jo De Cock, l'ex-administrateur général de l'Inami. Petit aperçu non exhaustif. À l'accueil se dresse la sculpture Ontmoeting (" Rencontre ", NdT) d'Els Vermandere, spécialement conçue pour le bâtiment - " une invitation à rencontrer l'Autre en toute ouverture et sans préjugés ", explique notre guide. Suivent les oeuvres de deux artistes grecs. " Les deux souliers (d'enfants) pris dans un moule de plâtre de Vlassis Caniaris, lui-même fils de médecin, sont une petite installation hautement symbolique qui évoque les réfugiés, les défavorisés, les plus vulnérables... ", poursuit Yolande Avontroodt. Les manches brodées de Maria Ikonomopoulou ont été sciemment installées dans la salle de réunion du comité de direction. " Cette oeuvre est une métaphore de la solidarité, du fait de se serrer les coudes, mais aussi de la douceur, de ce qui crée du lien. " Berlinde De Bruyckere signe l'une des oeuvres-phares de la collection, un petit corps sans tête posé sur une table branlante garnie d'une couverture. Malmené, déformé jusqu'à en être méconnaissable, il appelle à réfléchir aux notions de soin et de prendre soin, explique la présidente du Comité de Gestion. Les nouveaux locaux de la santé abritent également un certain nombre d'oeuvres d'art brut, créées par des personnes victimes de troubles psychologiques ou psychiatriques ou confrontées à un handicap mental. "Une très belle série signée d'un prénom, mais qui est pour le reste complètement anonyme ", explique le Dr Avontroodt. " Elle nous a été prêtée par le centre psychiatrique de Kortenberg, rattaché à la KU Leuven. " On y trouve encore une oeuvre tressée en bois de Tadashi Kawamata, l'un des plus éminents artistes japonais de notre époque, où la limite entre l'intérieur et l'extérieur semble se perdre. "Pour moi, elle symbolise la rencontre - une nécessité pour l'ensemble des stakeholders et partenaires de la santé, qui doivent évidemment trouver le moyen de collaborer. " Le Portrait de Marleen H. du photographe Dirk Braeckman est tout aussi remarquable. " On dirait presque un tableau. C'est un appel à la collectivité à ne laisser personne à quai. " Un petit bout du bâtiment de l'avenue de Tervuren qui abritait autrefois l'Inami a déménagé avec l'Institut, puisque les panneaux des Quatre Saisons du Portugais Antonio Rodrigues intègrent les décorations de l'ancienne salle du Comité de Direction. " On y devine vraisemblablement l'influence de David Hockney ", observe Yolande Avontroodt. Notre parcours se termine sur une autre pièce-phare, De derde val (" la troisième chute ") de la série De Martelgang (" la torture ") de Jan Cox, prêtée par le Museum van Hedendaagse Kunst Antwerpen.