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Le journal du Médecin : votre musique c'est pétale hurlant, plutôt que métal hurlant ?Aurélie Poppins : (elle rit) il est vrai nous faisons une musique qui possède un versant agressif et punk mais teinté de beaucoup de douceur et d'amour. Nos concerts sont des moments positifs où tout le monde danse et crie, pas du tout une agression vers le public ou vers qui ce se soit : énervés... mais ensemble.Avec un côté second degré ?Nous faisons cette musique avant tout pour nous amuser : ce serait bizarre de se prendre au sérieux.Le nom Cocaine Piss fait penser aux Butthole Surfers ?Encore des gens qui devaient être également bien inspirés un après-midi à rien faire. Aussi le genre de nom à la con !Nous avons commencé le groupe pour le fun sans jamais penser que cela irait aussi loin. Du coup, nous subissons notre propre humour sur du long terme. Nous avons constitué le groupe car il nous fallait une première partie sur un concert que nous organisions. Comme nous nous sommes bien marrés, nous avons continué... et puis nous avons trouvé ce nom en glandant une après-midi...Au moins, l'on s'en souvient, même si c'est très grossier.Votre manière de chanter dans les aigus m'évoque Nina Hagen ?Un très joli compliment. Notre point commun est de chanter de manière très aiguë. J'ai commencé à chanter de la sorte parce que nos premiers concerts se déroulaient dans des squats possédant un système son totalement merdique : la seule façon pour ma voix de passer au-dessus de la rythmique et de la guitare était de gueuler ; donc je suis partie dans les aigus pour me faire entendre et c'est resté. C'est d'ailleurs de la sorte que j'ai appris à chanter : le matériel s'améliorant avec le succès, j'expérimente de nouveaux territoires, devant moins hurler constamment.Le but est d'évoluer ?Oui, nous ne voulons pas nous limiter au seul genre punk et faire vraiment ce qui nous plaît. Notre évolution est naturelle, évitant le carcan du genre, tout en restant idèle à nous-mêmes. Ce second album en est la preuve, je crois.Mais vous êtes d'abord un groupe de scène ?Certes, mais nous adorons le studio, car nos passages y sont courts et cristallisés sur ce que nous avons envie de faire à ce moment-là durant trois jours.Et cela tombe bien, puisque Steve Albini est aussi porté sur les sessions brèves...Nous consacrons quelques mois à l'écriture, puis nous enregistrons avec Steve de façon spontanée. L'objectif de Cocaïne Piss n'est pas de faire des albums, lesquels ne sont que des prétextes pour jouer le plus possible.Steve Albini qui vous produit, à la suite des Stooges notamment, et qui fut membre des punk-rock Big Black influe-t-il sur votre musique...C'est nous qui avons décidé de bosser avec lui, pour le son unique qu'il crée et sa manière de travailler, toujours en analogique. Depuis notre prime adolescence, nous écoutons les groupes qu'il a produits.Le résultat est en fait très simple et brut. Ce qui nous convient puisque nous sommes d'abord un groupe live, capable de reproduire sur scène ce qu'il propose en studio.Steve nous apprécie au point de nous avoir invité récemment à ouvrir pour Shellac, son groupe de post-hardcore.Steve Albini a également produit les Pixies, et votre voix évoque aussi Frank black quand il chante en poussant sa voix, en hurlant presque ?Oui quelque chose de super haut perché. Cool, ça me plaît !Liège fut un foyer de l'anarchisme en Belgique. Le fait que vous soyez punk aurait-il un lien avec ce passé ?La scène musicale à Liège est complètement dingue actuellement. Il y a des concerts tous les soirs : les musiciens de tous les genres s'entendent bien, y règne une ambiance non compétitive et pas du tout sectaire, comme parfois ailleurs. C'est une ville de punks, même quand certains font de la pop, c'est du punk. un côté " do it you self ". C'est toujours un bordel merveilleux actuellement...et en effet, anarchique.Pourquoi avoir choisi ce retour à un punk primitif ?On est tous tombé dedans petits. Par contre, nous avons beaucoup de mal à nous situer. Ce n'est pas non plus du punk à l'ancienne...Nous ignorons ce que nous faisons en fait (elle rit) : un truc énergique, violent musicalement, politique, qui nous plaît.Une autre question à laquelle on ne peut pas répondre c'est celle des influences : nous n'en savons rien.Nous sommes un melting-pot d'inluences. D'un côté tant mieux, cela nous évite de nous enfermer.Pourquoi le disque comporte-t-il une chanson en français ?C'est venu très naturellement : une belle expérience qui modifie les intonations et les sonorités.Et bientôt un morceau en liégeois ?(elle rit) Avec l'aide de ma grand-mère alors, vu la qualité de mon wallon !