...

àl'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie, la ministre wallonne Christie Morreale (Santé et Égalité des chances) a visité La Passerelle à Liège, l'une des maisons médicales retenues dans le cadre du premier "Plan wallon LGBTQIA+". La santé figure parmi les mesures de ce plan lancé au printemps 2022, en vue de "l'accompagnement, le suivi et une offre de soins spécifiques, gratuits et anonymes" pour ce public encore victime de discriminations. "Notre maison médicale existe depuis 1985, elle fonctionne au forfait et accueille tous types de patients, dont des personnes LGTBQI depuis longtemps", entame le Dr Romain Léonard, l'un des six médecins (et deux assistants) de La Passerelle. "Nous constatons les difficultés d'accès aux soins de santé pour ce public en particulier, donc quand nous avons vu l'appel à projet, l'an dernier, à l'initiative de la ministre Morreale, nous y avons répondu très vite." À l'instar de six autres maisons médicales wallonnes (deux doivent encore démarrer à Mons et à Verviers), La Passerelle a obtenu un subside pour l'engagement à mi-temps, pour un an renouvelable, d'une assistante sociale supplémentaire, spécifiquement dédiée à ce public. "Nous avions déjà des assistantes sociales, mais il s'agissait ici de dégager du temps pour ce projet, pour le suivi des patients et la coordination avec la maison arc-en-ciel", précise le Dr Léonard. Les projets-pilotes reposent en effet sur un partenariat maison médicale + maison arc-en-ciel (MAC) la plus proche géographiquement. "La MAC de Liège a une psychologue, mais elle manquait de médecins référents vers qui renvoyer les patients", explicite Romain Léonard. L'engagement de Nicki, en juillet 2022, permet désormais de faire lien entre les deux et d'offrir une première ligne complète aux personnes LGBTQI, puisque La Passerelle - maison médicale forte de plus de 3.100 inscrits - propose aussi des soins infirmiers, de kiné et de dentisterie (elle cherche un nouveau dentiste en remplacement du sien, retraité, NdlR). Une première ligne qui fait cruellement défaut, de manière générale: "À force d'avoir eu de mauvaises expériences, on voit que les personnes ont tendance à ne plus consulter la première ligne par peur d'être à nouveau victimes de discriminations, et qu'elles laissent traîner des situations qui nécessiteraient un suivi médical", constate le Dr Léonard. Beaucoup de patients LGBTI se présentent à La Passerelle sans médecin traitant depuis longtemps. L'étude Health4LGBTI sur les inégalités de santé, menée dans les pays membres de l'UE, révélait en 2017 les lacunes et absences de connaissances dans certains domaines, mais aussi le besoin criant de formation des professionnels de santé qui ont encore, pour certains, des représentations "binaires et pathologisantes" des personnes LGBTI. L'enquête soulignait aussi la prévalence majorée de certaines pathologies, en santé mentale comme l'anxiété, le stress, les idées suicidaires et les addictions, mais aussi des cancers non traités. "Les personnes en maisons de repos subissent également de la discrimination, il y a là aussi un besoin de formation pour lever les tabous", poursuit le Dr Léonard. Ces formations, ouvertes à tous les professionnels et pas seulement aux médecins, sont dispensées via la MAC et des associations comme Genre pluriels. La Passerelle s'est également engagée dans une formation aux traitements hormonaux afin, ici aussi, de pouvoir offrir une première ligne de soins sans plus devoir forcément passer par la case "hôpital".