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L'avenir nous réserve de nombreux défi à relever en matière de santé. Parmi ceux-ci, le suivi des patients atteints de maladies chroniques. L'Inami a donc lancé, en 2009, un programme de soins appelé " Trajets de soins " à destination des patients souffrant d'un diabète de type 2 ou d'une insuffisance rénale chronique. La mayonnaise a mis du temps à prendre. Certains médecins ne voient d'ailleurs pas clairement la plus-value du trajet de soins dans leur pratique. Un rappel n'est donc pas superflu. Le trajet de soin a pour objectif d'organiser, de coordonner et de planifier la prise en charge, le traitement et le suivi du patient tout en étant adapté à sa situation particulière. L'objectif : stimuler le dialogue entre les prestataires de soins et le patient en vue d'optimiser la qualité des soins. " Un trajet de soins peut être considéré comme un contrat entre le médecin, le spécialiste et le patient. Ces trois parties s'engagent à bien suivre la maladie. Les résultats positifs sont évidents et de plus, les frais sont supportés par l'Inami. Le trajet de soins est donc gratuit pour le patient ", explique Mieke Goossens, chercheuse chez Sciensano. Sciensano sait de quoi il parle, puisque l'institut évalue l'efficacité des trajets de soins depuis plus de dix ans. Cela a donné lieu à un premier rapport, dont les résultats ont montré que les trajets de soins étaient efficaces au cours de la période 2009-2011 pour l'inclusion de patients qui en avaient besoin et pour améliorer le suivi de ces patients. " Les données n'ont, toutefois, pas permis de nous prononcer sans équivoque sur une amélioration des résultats intermédiaires de santé qui serait imputable aux trajets de soins (par exemple, l'amélioration des valeurs d'HbA1c et de la pression artérielle ou de la vitesse de dégradation du DFGe) ", notent les chercheurs de Sciensano. Un deuxième rapport, récemment paru, se penche également sur l'évaluation de l'efficacité des trajets de soins, mais sur une période beaucoup plus longue : de 2009 à 2016. Ce qui permet de suivre les processus de soins et les résultats de santé pendant une période beaucoup plus longue. Et sur une base de données plus large fournie par l'Agence intermutualiste (AIM) et les DMI. L'AIM renseigne qu'au total 40.963 patients ont conclu un trajet de soins pour diabète de type 2 et 21.373 patients pour insuffisance rénale chronique entre le 1er septembre 2009 et le 31 décembre 2015. Les données issues des DMI sont disponibles pour 27.900 patients diabétiques et 15.313 insuffisants rénaux du 1er septembre 2009 au 30 septembre 2016. La première conclusion de cette deuxième étude : les patients inclus dans un trajet de soins respectent correctement la prise de contact avec les prestataires de soins. Ils ont donc des contacts plus fréquents avec leur médecin et leur spécialiste qu'avant le début du trajet de soins. Le diététicien est principalement consulté au cours de la première année suivant le début du trajet. " Non seulement, les contacts sont plus fréquents avec les soignants mais en plus, des examens importants tels que la mesure du contrôle du diabète (HbA1c) et de la fonction rénale, sont effectués plus régulièrement une fois le trajet de soins entamé ", ajoutent les chercheurs de Sciensano. " Grâce aux résultats de ces examens fréquents, le patient et les dispensateurs de soins peuvent éventuellement adapter le traitement. "Pour évaluer la santé du patient en trajet de soins, Sciensano a suivi plusieurs paramètres relatifs à la santé. Pour le diabète de type 2, ces paramètres comprenaient notamment la glycémie et la pression sanguine. Les patients souffrant d'un diabète de type 2 contrôlaient mieux leur glycémie et leur tension et davantage de patients atteignaient les valeurs cibles thérapeutiques en comparaison avec le début du trajet de soins. Pour les patients souffrant d'une insuffisance rénale chronique, il est important que la tension soit aussi basse que possible pour que les reins ne soient pas encore davantage affectés. " Les patients en trajet de soins pour une insuffisance rénale chronique avaient en effet une tension mieux contrôlée qu'avant le début du trajet de soins ", analysent les chercheurs de Sciensano, qui notent également qu' " en moyenne la tension était plus basse que chez les patients en trajet de soins diabète de type 2 ". Pour les deux trajets de soins, les objectifs sont donc atteints. Il s'agit d'un moyen efficace pour suivre une maladie chronique, tant pour le patient que pour le médecin. " Les trajets de soins fonctionnent, c'est un fait ", conclut Mieke Goossens . " Ils sont principalement utiles lorsque les soins du patient deviennent plus complexes et que le patient doit jouer un rôle plus actif lors de son traitement : s'injecter de l'insuline, prendre sa tension, effectuer les bons choix alimentaires, etc. Dans un trajet de soins, le patient est soutenu au moyen d'une éducation. Nous voulons donc encourager les personnes souffrant d'un diabète de type 2 ou d'insuffisance rénale chronique à s'informer auprès de leur médecin au sujet d'un trajet de soins. Leur médecin leur dira s'ils entrent en considération pour un trajet de soins et les aidera à le lancer. "