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"C e sont les jeunes qui voulaient faire bouger les lignes ", explique Paul De Munck. " On leur a laissé carte blanche, notamment concernant la construction du site. On leur a toutefois apporté notre expérience. En particulier, nous avons placé des garde-fous. Car ouvrir un site où des jeunes médecins en formation témoignent de leur vécu, leur perception des choses, leur ressenti parfois à propos de choses difficiles à dire, ce n'est pas évident. Il faut veiller à une anonymisation stricte. Je ne voulais pas que cela devienne une tribune pour des règlements de compte où l'on flingue tel ou tel maître de stage ou vice-versa. Je souhaitais aussi que les maîtres de stage puissent également témoigner. "Le GBO a fourni notamment l'encadrement juridique tant en matière de RGPD que de bonne utilisation. " L'écueil à éviter est que Lesendocs devienne une plateforme de vécu sur des questions strictement médico-techniques ", reprend le Dr De Munck. " Ce n'est pas l'objet de ce site ! Témoigner à propos d'un patient qui présente telle pathologie spécifique et à qui on ne sait pas quoi dire relève de la relation avec le maître de stage. Par contre, si le stagiaire vit une situation difficile récurrente vis-à-vis d'une urgence pendant une hospitalisation et qu'il ne trouve pas de réponse à ses questions auprès de son maître de stage hospitalier, il peut s'en ouvrir sur le site. Dans les rubriques énumérées, on trouve également le harcèlement sexuel ! J'avoue que j'étais surpris de constater jusqu'où cela peut aller... Mais c'est un fait. "Le site n'est pas à l'abri d'un dérapage, d'autant que l'identité du témoin n'est connue que s'il souhaite s'en ouvrir aux modérateurs. " Je pense que l'anonymat garantira qu'il n'ait pas de règlement de compte. "Le GBO insiste par contre sur le fait que le témoignage peut déboucher sur une demande d'aide. " Le fait de pouvoir témoigner, c'est déjà formidable. Mais en tant que syndicat médical, il manque un point à notre mission si on s'arrête là. Nous voulons orienter le témoin s'il estime avoir besoin d'aide. On peut l'orienter vers " Médecins en difficulté " (géré par l'Ordre des médecins qui en a accepté l'augure, ndlr) si on estime que cela rentre dans leur champ de compétence et si le témoin le souhaite. On peut également fournir un premier avis juridique mais sans aller en justice car ce serait trop coûteux. "Le GBO entend toutefois rester un intermédiaire. Il ne se soustrait pas, par exemple, à la CCFFMG (Centre de coordination francophone pour les médecins généralistes en formation), l'asbl qui gère notamment, en triangulation, le salaire versé par l'Inami et par le maître de stage au stagiaire.Le témoin peut également demander de " parler entre quatre yeux " à un responsable du GBO, président y compris. Un bilan sera fait dans six mois déjà, puis dans un an. " Puis, un moment donné si on voit que cela s'éteint, on verra. On ne sera pas frustré si on se rend compte que cela n'est pas ce qu'il fallait faire. Ce n'est pas une idée de dinosaures qui se disent : 'on va faire cela pour les jeunes'. C'est une idée à eux. Les jeunes sont à la manoeuvre. "Les associations d'assistants, tel le Cimacs (Comité inter-universitaire des médecins assistants candidats spécialistes), sont au courant et ouvertes au projet. En parallèle, un compte Facebook est créé sur lequel la discussion peut continuer même s'il n'est pas conseillé de sortir de l'anonymat.Pourquoi avoir créé une interface intermédiaire et ne pas faire confiance, par exemple, à Médecins en difficulté ? " Je pense qu'en tant que syndicat, on peut défendre l'intérêt d'un médecin en formation ou installé ", reprend Paul De Munck. " S'ils écrivent à l'Ordre des médecins directement, ils sont en terre inconnue. Ils ont peur de déclencher quelque chose à laquelle ils ne s'attendaient pas... même si Médecins en difficulté n'est pas l'Ordre, cela peut créer la confusion... Les jeunes utilisent des canaux qui sont les leurs... Ils se branchent là-dessus. Pourquoi n'en parlent-ils pas à leur maître de stage directement ? Pourquoi ne s'ouvrent-ils pas au Département de médecine générale ? Parce qu'ils n'ont pas confiance. Idem si c'était abrité par le SPF Santé publique ou l'Inami. Pourquoi s'adresseraient-ils par ailleurs à une commission dont ils ne connaissent pas l'existence ? Non, je crois que Lesendocs répond vraiment à un besoin... "