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On part généralement du principe que la douleur qui accompagne l'endométriose est d'origine nociceptive. Les patientes la décrivent toutefois souvent comme une sensation lancinante ou de picotement, ce qui évoque plutôt une douleur neuropathique, observe l'équipe britannique dans son étude publiée il y a peu. De quoi, peut-être, offrir une lueur d'espoir aux 10 à 20% de femmes qui ne sont soulagées par aucun des traitements actuels... La piste d'une composante neuropathique dans la douleur associée à l'endométriose n'a toutefois jamais fait l'objet d'études approfondies, alors que l'on retrouve pourtant dans les masses de tissu endométrial des terminaisons nerveuses nouvellement formées qui pourraient se trouver stimulées sous l'effet d'une compression par les tissus avoisinants. Les lésions endométriales baignent en outre dans le liquide péritonéal, riche en substances pro-inflammatoires (p.ex. TNF-alpha)... et le contact prolongé avec ces substances pourrait accroître la sensibilité des terminaisons nerveuses et donc alimenter la douleur. Lorsque l'endométriose a déjà fait l'objet d'un traitement chirurgical, il est aussi possible que du tissu nerveux ait été sectionné, ce qui peut représenter une cause de douleur supplémentaire. Les chercheurs ont réalisé une enquête en ligne à l'aide du questionnaire painDETECT, un outil validé pour le dépistage de la douleur neuropathique. Le questionnaire comporte six éléments qui permettent au patient de décrire ce qu'il ressent, en cotant sur une échelle à six points dans quelle mesure une affirmation donnée correspond à son expérience (p.ex. La douleur prend-elle la forme d'une sensation de brûlure? Comment évolue-t-elle au fil du temps? Le contact de l'eau chaude ou froide est-il douloureux? ) Lorsque le score est ? 19, la probabilité que la douleur comporte une composante neuropathique est de 90%, tandis qu'un score ? 12 reflète une douleur nociceptive. Dans la zone intermédiaire, on peut supposer qu'il est question d'une forme mixte. La population de l'étude britannique se composait de 1.417 femmes souffrant d'une endométriose confirmée par l'examen endoscopique. Le questionnaire painDETECT révélait une très probable douleur neuropathique chez 40% d'entre elles et une douleur mixte chez 35%. La probabilité de constater une douleur neuropathique augmentait avec le nombre de chirurgies antérieures (en traitement de l'endométriose ou pour d'autres raisons) et présentait une corrélation positive avec la durée des douleurs indépendantes du cycle menstruel. Il est possible que ces variables forment la cause directe de la composante neuropathique de la douleur... mais elles pourraient aussi être de simples marqueurs de l'échec des traitements antérieurs, soulignent encore les auteurs. Lorsque ces résultats auront été confirmés par des études plus poussées, on pourra examiner si les traitements habituels de la douleur neuropathique peuvent également être utilisés chez les patientes souffrant d'endométriose avec un score élevée à l'échelle painDETECT.