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Marc Clemens savait, dès son plus jeune âge, qu'il se destinerait à une carrière de médecin, voire de chirurgien. "C'est étrange, j'ai l'impression que la chirurgie a toujours été ancrée en moi. Un jour, en pleine intervention, l'anesthésiste me demande si je suis un grand bricoleur. Quelque peu surpris, je lui réponds: 'oui, je bricole depuis l'âge de 4 ans, pourquoi?' 'Parce que cela se voit à ton habilité', me dit-elle." Le souvenir de la caisse à outils reçue dans sa plus tendre enfance surgit aussitôt dans la tête du chirurgien. Peut-être est-ce ce côté bricoleur qui le pousse à choisir la chirurgie, en dépit de son admiration pour un professeur d'histoire remarquable qui tente de le diriger dans cette voie. La physique lui traverse également l'esprit, mais le Dr Clemens, homme de contacts avant tout, comprend très vite que cette option ne le comblera pas. Poussé par ses chefs de service, le jeune chirurgien, alors âgé de 35 ans, arrive à Cavell et y monte un service d'orthopédie. Il sait d'emblée qu'il est fait pour ce type d'institution. "Ma personnalité dynamique et indépendante est faite pour exercer dans le privé", confie-t-il en toute honnêteté. "Je n'ai pas l'esprit d'employé. Cavell me correspond à 100%. La manière de fonctionner, la liberté d'entreprendre, la liberté d'action. La possibilité de mener un service, d'organiser des congrès et, en tant que responsable, de motiver les jeunes à participer à des symposiums, c'est ce qui me passionne. J'ai toujours eu le culte de l'Amérique. Je me sens plus américain qu'européen depuis que je suis gosse." Le dynamisme du chef de service porte ses fruits. La renommée du service d'orthopédie de Cavell se répand et, très vite, il est considéré comme un des meilleurs centres orthopédiques côté francophone. C'est probablement cet esprit de liberté qui pousse Marc Clemens à explorer le monde. À 25 ans, il part en 2 CV avec sa jeune épouse jusqu'au Moyen-Orient. Les États-Unis, où il se rend à maintes reprises, le Liban, la Syrie, l'Afrique, les quatre coins d'Europe et bien d'autres lieux - parfois des plus reculés et toujours imprégnés d'histoire, n'ont plus de secret pour lui. L'histoire occupe d'ailleurs une place particulière dans la vie du médecin. "Depuis l'adolescence, je me plonge dans les livres d'histoire. Je n'ai jamais été intéressé par les romans. M'évader dans des lieux touchés par l'histoire au travers de livres ou de voyages éveille sans cesse ma curiosité. Cela me permet de sortir du quotidien, de comprendre certaines choses de la vie, de cultiver mon esprit. C'est très enrichissant." Ses voyages et ses lectures lui donnent peu à peu l'envie d'écrire. "Tous ces lieux marqués d'histoire m'ont insufflé un désir intense de partage et de transmission. De là m'est venue l'envie d'écrire. Un premier livre sur l'Afrique, un deuxième sur Mozart et le troisième est encore en gestation: une fresque sur le nord de la Syrie et le Moyen-Orient. Donner l'envie aux lecteurs de se rendre sur les lieux au travers de mes récits me stimule. Bien sûr, comme ce sont des récits historiques, Il y a un énorme travail à faire en amont, mais cela fait partie du jeu et permet d'en savoir toujours plus", raconte le chirurgien devenu écrivain. "Je ne voyage pas en me disant que je vais écrire, je ne suis pas journaliste. C'est quand je reviens chez moi que j'éprouve cette envie de relayer ce que j'ai vécu." Le Dr Clemens est un passionné. Cette passion, que ce soit pour la chirurgie, les voyages ou l'histoire, s'il ne la partage pas, perd tout son sens. C'est dans cet état d'esprit qu'il prend plaisir à former de jeunes chirurgiens, à emmener sa femme et ses enfants au bout du monde, dans des lieux insolites, à la limite du danger, et à se plonger dans l'écriture dans l'espoir de toucher plus d'un ou deux lecteurs. Marc Clemens le dit haut et fort: il ne pourrait pas vivre sans passion, ni être heureux, sans la partager.