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Bishay vit aux abords d'une décharge, au sein d'une colonie de marginaux, des nains, des culs-de-jatte..., dans une petite ville du Sud de l'Égypte. Lorsque son épouse qui souffrait de déséquilibre mental décède, le monde de ce lépreux guéri mais déformé, s'écroule. La visite impromptue d'une lointaine parente de sa femme, le replonge dans son enfance, l'abandon par son père aux abords d'une léproserie : cet homme doublement différent, puisque de religion copte, rejoint par un petit orphelin nubien du nom d'Obama, décide de partir, de tout quitter et de s'en aller à la recherche de sa propre famille....Road-movie à dos d'âne, Yomeddine d'Abu Bakr Shawky est un beau film naturaliste rappelant à la fois Freaks pour l'univers et un Temps des gitans réaliste pour l'atmosphère et l'ambiance musicale. Tout en évoquant le trajet et le parcours de vie des deux marginaux, il décrit également entre les lignes l'Égypte actuelle : la pauvreté endémique, l'administration envahissante, les rivalités et conlits religieux, et le régime autoritaire et coercitif dans lequel se trouve à nouveau le pays désormais.Ce conte de la vie ordinaire doit évidemment beaucoup à l'interprétation des deux comédiens principaux : Raby Gamal, comédien réellement marqué par la lèpre dans sa chair, et le tout jeune Ahmed Abdelhaiz qui, dans le rôle d'Obama, se révèle aussi photogénique et charismatique que l'ancien président.