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"Les patients admis dans un trauma center peuvent être des victimes d'un accident de la route, d'une bagarre à l'arme blanche, d'un accident domestique... ", explique le Dr Michel Daune, directeur médical de l'hôpital. " Notre pays n'est pas celui où la prise en charge des traumatisés graves est la plus optimale. Nous figurons même parmi les pires en Europe. Notre volonté a été d'améliorer cette prise en charge tout en optimalisant les moyens. Celle-ci nécessite une grande mobilisation et une coordination extrême de plusieurs équipes. Cette approche commence dès la récupération du patient polytraumatisé sur le lieu du traumatisme. Le patient doit se trouver le plus rapidement possible, dans les meilleures conditions, dans le bon hôpital. Grâce aux procédures, nous pouvons dans notre institution prendre en charge deux polytraumatisés graves en même temps. "Dès l'arrivée du patient, toute l'équipe alertée par un message envoyé par GSM est mobilisée : de l'anesthésiste à la banque de sang en passant par le chirurgien, l'intensiviste, le laboratoire et l'équipe mobile d'imagerie médicale. L'organisation du dispositif permet de réduire considérablement le temps entre l'admission du patient, la réalisation du bilan diagnostic complet et l'intervention chirurgicale, la radiologie interventionnelle ou l'admission aux soins intensifs.Le KCE a recommandé en 2017 de reconnaître cinq à sept centres spécialisés de traumatologie en Belgique dans le cadre de la création de réseaux structurés de prise en charge des traumatisés graves en Belgique. On est encore loin du compte mais cela n'empêche pas les hôpitaux de prendre les devants et de se faire certifier par un organisme extérieur. " Le fait d'être certifié sera certainement positif lorsqu'une procédure d'agrément sera lancée parce que celle-ci s'inspire des critères retenus par Trauma DGU, qui regroupe 677 hôpitaux dans six pays européens ", explique le Dr Patrick Biston, chef du service des soins intensifs. " Pour obtenir, ce certificat tout l'hôpital a dû se mettre en branle. Nous avons dû implémenter de nombreuses procédures. Même la réadaptation après la prise en charge est concernée par la certification. "La certification induit évidemment une formation spécifique des intervenants qui, par après, deviendront également des formateurs. " Comme nous sommes un hôpital de stage, nous formons les assistants en tenant compte de cette certification. Un exercice de simulation est organisé chaque semaine ", ajoute le Dr Marc Vranckx, responsable des urgences. " Un médecin urgentiste est le team-leader. Il coordonne les différents examens nécessaires à l'évaluation du patient. Il peut se concentrer sur la prise en charge du patient dans sa globalité. La procédure est parfaitement codifiée. Chaque intervenant connaît sa mission et l'instant précis auquel il doit agir. "Durant les interventions, de nombreux paramètres sont enregistrés par l'équipe afin d'alimenter une base de données anonymes. Cet outil permet de réaliser un " benchmarking " des centres de traumatologie certifiés DGU. Les résultats poussent les centres à améliorer de façon continue leurs procédures de soins.La certification par Trauma DGU n'est pas onéreuse - quelques milliers d'euros - mais l'hôpital a dû financer lui-même le dédoublement de certaines gardes afin d'offrir le service 24 h sur 24. " Il n'est pas anodin de constater qu'en Wallonie, ce sont deux hôpitaux publics, le CHU de Charleroi et le CHR de Liège, qui assurent cette mission publique ", a souligné Michel Dorigatti, président du comité de direction de l'ISPPC." Actuellement, la certification d'un trauma center ne rapporte que quelques milliers d'euros grâce au financement P4P mis en place par la ministre De Block ", ajoute Patrick Biston.Idéalement, un trauma center pourrait couvrir une population de un million à 1,5 million d'habitants. Des réseaux structurés de traumatologie devront voir le jour. Les futurs réseaux locorégionaux vont donc devoir se mettre d'accord entre eux. Ceux qui disposent déjà d'un trauma center certifié auront une longueur d'avance." Le trauma center est un projet fédérateur qui consacre le caractère suraigu de notre hôpital. Celui-ci va encore être renforcé par notre centre de thrombectomie. En outre, en décembre, la Haute autorité de santé française va venir, pour la première fois en Belgique, accréditer notre hôpital. Toutes ces procédures augmentent la qualité de la prise en charge de nos patients ", soutient le Dr Frédéric Flamand, directeur général pôle hospitalier et soins de santé de l'ISPPC-CHU de Charleroi.