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"Ce budget est une bonne nouvelle", commente le Dr Pierre Oswald. "Cette décision prise le 3 octobre par le Comité de l'assurance, lors de l'élaboration du budget 2023 des soins de santé, nous assure qu'il y aura désormais un budget pour la prise en charge somatique en psychiatrie. C'est une véritable victoire pour nous", confie le directeur médical du Centre hospitalier Jean Titeca (CHJT). Ces six millions d'euros devraient permettre de financer la concertation entre les différentes lignes de soins, le suivi par les médecins généralistes et les hôpitaux généraux... pour les patients psychiatriques qui présentent des problèmes physiologiques. "Les aspects psychiques et somatiques sont étroitement intriqués. Une prise en charge globale permet d'améliorer le pronostic des patients psychiatriques", assure le Dr Oswald. Il en est tellement convaincu que le CHJT est un des rares hôpitaux psychiatriques belges à disposer d'un service de médecine générale intégré. "Nous essayons vraiment de promouvoir le concept de santé globale et de donner à la personne qui se rend à l'hôpital psychiatrique la possibilité de rencontrer un panel d'expertises qui améliorent son pronostic en santé mentale en agissant sur une série d'éléments qui ne sont pas uniquement dans la sphère psychiatrique. Il faut évidemment agir sur la sphère somatique mais également sur des éléments qui concernent la nutrition, l'activité physique et la prévention. Il est indispensable de coordonner ces différentes approches."Le psychiatre souligne que, outre un rapport du KCE publié en 2021 (Reports 338B), deux importantes études du Lancet ont été présentées à l'Inami pour justifier l'obtention d'un budget spécifique. "La première a montré que l'activité physique peut être aussi efficace qu'un antidépresseur pour soigner la dépression. C'est encore plus efficace d'utiliser ces deux moyens ensemble", soutient Pierre Oswald. "La deuxième publication montre que les personnes qui présentent un trouble lourd en santé mentale (par exemple, bipolarité ou schizophrénie) ont souvent un trouble en santé somatique avéré, et ce bien avant le diagnostic psychiatrique. Ce qui signifierait que des mauvaises habitudes sont prises durant la phase prodromique. Et ces comorbidités s'aggravent au fil du temps. Agir au plus tôt sur la santé somatique de ces patients permet de ramener progressivement leurs espérances de vie à la hauteur de celles de personnes qui ne sont pas schizophrènes ou bipolaires."