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Martine Lombard était l'invitée vedette de l'après-midi d'étude "Euthanasie, regards croisés" organisée sous l'égide du FNRS, vendredi dernier, dans les Écuries de l'Académie royale de médecine. "En France, le modèle belge est l'exemple à suivre pour de nombreux Français, le Dr François Damas est un héros", explique en préambule Martine Lombard... "Mais nous utilisons néanmoins l'expression de ''modèle français de la fin de vie''. Le président de la République, recevant les membres de la Convention citoyenne le 3 avril 2023, a déclaré: ''Il y a deux chantiers à mener en France parallèlement: l'extension des soins palliatifs et l'ouverture d'une aide active à mourir.'' Il n'a pas dit: ''Faisons d'abord une loi sur les soins palliatifs'' mais: ''Préparons un texte de loi avec l'Assemblée nationale et le Sénat d'ici septembre'' (soit la fin de l'été). À cette occasion il a dit quatre fois qu'il fallait construire un ''modèle français de la fin de vie''. C'est ce qui m'angoisse. Car c'est une expression utilisée pour la législation actuelle!"Pour Martine Lombard, cette expression est un mythe porté par Jean Leonetti et Les Républicains, majoritaires au Sénat, qui partagent l'idée que la législation française est excellente. Le Rassemblement national et même François Bayrou (Modem, faisant partie de la majorité présidentielle) partagent l'idée que la législation française est un modèle absolu mais qu'elle est mal appliquée. Pourquoi la France, État laïc séparant soigneusement l'Église et l'État, n'a-t-elle pas encore une législation dépénalisant l'euthanasie? Selon Martine Lombard, c'est dû à l'existence, comme référence, de la Société française d'accompagnement palliatif (Sfap) qui passe pour la société savante en matière de soins palliatifs et qui fait autorité en matière d'euthanasie. "Or la Sfap a une origine religieuse. Dès l'origine, elle a été créée pour promouvoir les soins palliatifs et pour lutter contre toute euthanasie. Elle est très agressive envers la Belgique. Des lobbies s'agiteraient influencés par les modèles belge et hollandais, modèles binaires entre l'euthanasie et le ''laisser souffrir''. Le législateur français aurait choisi, quant à lui, une troisième voie qui est celle du soin. Apprécier la violence de ce propos! Car on présente les choses comme si, en Belgique et aux Pays-Bas, il n'y avait pas de soins palliatifs! Comme si les soins palliatifs étaient une spécificité française! Ce que soutient la Sfap est que les soins palliatifs en Belgique se seraient dégradés. Elle cite un indice créé par l'OMS: indice de qualité de la fin de vie. Selon cet indice, dit-elle, la Belgique a perdu 15 rangs (du 5e au 20e)..." Le problème c'est qu'il s'agit de chiffres émanant de la filiale singapourienne de l'Université Duke qui place dans le top 5 la Biélorussie, la Macédoine du Nord et le Sri Lanka. "La Belgique est au niveau du Bostwana."À travers le mythe du modèle français de la fin de vie, les soins palliatifs seraient suffisants pour apaiser toute souffrance. Il suffit de laisser mourir. "C'est un déni des souffrances réfractaires. C'est répété par les praticiens des soins palliatifs: nous arrivons, disent-ils, à faire face à quasiment toutes les situations de souffrance. Il ne faut rien remettre en question sinon cela déstabiliserait tous les soins palliatifs et nous nous retrouverions dans la situation belge de soins palliatifs dégradés."SUITE DANS LE JDM DU 18 mai 2023.