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À 10 km de Perpignan, Le Canet en Roussillon est une station balnéaire qui a émergé au cours des années 60, suite à la volonté du Général de Gaulle, avec la mission Racine, de créer en Languedoc-Roussillon des stations balnéaires afin de concurrencer la Costa Brava espagnole située de l'autre côté de la frontière (c'est aussi le cas de la Grande Motte).D'ailleurs, la mentalité est ici... catalane comme de l'autre côté de la frontière à une demi-heure, Barcelone n'étant qu'à une heure trente de ce qui est devenu une petite ville de 12.000 habitants à l'année.Le vieux village, situé en retrait, possède encore un certain charme, et porte la marque des ruines réhabilitées de l'ancien vicomté. Il compte également des vestiges d'anciennes tours d'angles dont l'une d'elles parmi la dizaine n'est autre que le clocher de l'église Saint-Jacques, patron des lieux. Un village qui possède un petit air toscan du fait de l'usage ancien des briquettes d'argiles rouges cuites appelées Caïrou que petit à petit les autorités font réapparaître au détriment de l'affreux crépi.Ce bourg, situé en retrait de la côte, l'était pour résister aux attaques notamment des pirates et aux maladies, la malaria entre autres, provoquées par les marais et l'étang de Canet.Situé au-delà de Canet plage, conurbation sans âme qui a poussé vers la fin des années 60, ce plan d'eau naturel est alimenté à la fois par la Méditerranée toute proche d'un côté et par trois cours d'eau dévalant les Pyrénées au loin. Son environnement saumâtre qui en fait de cette onde, une lagune plus qu'un étang en fait, évolue au fil des saisons, des intempéries et des marées, gonflant ou rétrécissant, tel un coeur aquatique d'une profondeur de cinquante centimètres en moyenne. Son étendue réduite lui donne des airs de grande flaque d'eau, ce qui n'empêche pas la vue d'y être spectaculaire sur les montagnes au loin, notamment le mont Canigou qui culmine à 2.700 mètres et qui est la fierté des Catalans français.Spectaculaires également, les cabanes en roseaux pareilles à celles du lac Titicaca, qui ont un air lacustre, abritent de septembre à mai encore les pêcheurs professionnels qui viennent y prendre les anguilles et leurs jeunes, les civelles, de retour de la mer des sargasses pour grandir, et donc mourir, ici.Il ne sont pas les seuls à vivre de pêche sur " l'étang ". On dénombre plus de 260 espèces d'oiseaux, migrateurs notamment, lesquels font un stop sur ce resto en chemin sur leur route migratoire : parmi eux, l'avocette, le foulque, le cormoran, le sterne et, bien sûr, le plus spectaculaire d'entre eux, le flamant rose qui y vit en colonie. Classé Natura 2000, les deux mille hectares protégés qui constituent désormais ce site, répertorient également plus de huit cents espèces végétales différentes dont la salicorne, vu le sel, la paronyque argentée ou encore le raisin de mer dont les baies comestibles contiennent de l'éphédrine.Moins naturelle, quoique, la station balnéaire des Perpignanais qui attire l'été une forte population française, étrangère, dont nombre de Belges, possède également une impressionnante plage longe de neuf kilomètres, ainsi qu'un baladoir (joli mot pour digues) : elle est ponctuée d'oeuvres de Vasarely, et dotée d'un sable extrêmement fin. Pas de promiscuité dès lors même durant les mois d'été, dans un lieu de villégiature également très agréable au printemps comme à l'automne, et dont la douceur du climat voit des touristes y débarquer toute l'année.Si ce bord de mer ne brille pas par sa beauté, ce lieu, qui fut prisé dès la fin du 19e par la bourgeoisie perpignanaise, n'est heureusement pas balisé de tours : les buildings sont de quatre ou cinq étages maximum, espacés, et se détachent sur un paysage où au fond apparaissent les Pyrénées et surtout le mont Canigou, emblème de la catalogne française, qui toise les autres cimes. Cette longue étendue de sable fin que la tramontane venue des sommets (la marinade, elle, est porteuse de pluie) vient heureusement rafraîchir, est également très large, ne laissant jamais, même au plus fort de la saison d'été, une impression de promiscuité. Elle est balisée de clubs de plage : des paillotes démontables de standing offrant cuisine de qualité et service plage (location de transats) à l'instar de La Cala. Ces 19 concessions ponctuent de loin en loin l'immense plage devant une "grande bleue" très limpide qui touche un rivage courbé dont la ligne de fuite semble partir vers les montagnes.Au cours de son développement daté de la fin du siècle dernier, Le Canet a également imaginé un bord de plaisance et une marina agréable où nichent 46 vieux Gréements depuis 15 ans, impressionnante collection de bateaux dont la variante locale... la Catalane, petit bateau de pêche pointu aux extrémités et le mat penché vers l'avant, ce qui lui donne son caractère.Clou sans doute de cette collection, le bateau construit par le fils d'Henri de Monfreid. L'auteur des Secrets de la mer Rouge naviguait sur une sorte de boutre égyptien et était d'ailleurs originaire d'un petit village des Pyrénées orientales.Il est également possible d'admirer Le Canet depuis un voilier, le Navivoile. Double particularité : il s'agit d'un catamaran opéré par une famille, qui propose des balades en mer qui ont la particularité de se faire... sans bruit de moteur. Cela n'a l'air de rien, mais cela ajoute un côté paisible et serein à cette promenade maritime qui peut se faire au couchant et voir ainsi le soleil disparaître derrière le Canigou et les Pyrénées qui servent d'arrière-plan à cette côte merveille. Mieux, l'on peut choisir l'option journée et partir à la découverte des dauphines et cétacés.