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Belle idée de Sergio Honorez, ancien Snuls et directeur éditorial chez Dupuis, de penser à développer le personnage de Champignac, vieux savant original et excentrique (un Tryphon Tournesol au flegme anglais) dont la vie antérieure semble entourée de mystère. Scénarisée par BéKa, derrière lequel se cache le couple de scénaristes Bertrand Escaich-Caroline Roque, et mis en image par David Etien qui choisit un pseudo-réalisme dynamique à la Olivier Rameau, la série met en scène un Champignac qui vit donc désormais ses propres aventures passées....lesquelles se déroulent durant la dernière guerre. Si Enigma se référait au décryptage de la machine à coder allemande du même nom et à la participation de Pacôme aux travaux d'Alan Turing, Le patient A a pour cadre - toujours dans une ambiance d'aventures et de goûts du risque - l'enlèvement de trois scientifiques, anciens amis et coreligionnaires de Pacôme Champignac durant ses études, et forcés désormais par les nazis de travailler à Berlin su la conception d'une bombe atomique (on croise au passage le fat Goering et un certain Werner von Braun). L'histoire est haletante, menée tambour battant par un Champignac alerte, flanqué d'une ravissante compagne écossaise tout aussi décidée prénommée Blair, ce qui permet au passage aux auteurs de dévergonder notre scientifique dont ils cassent l'image pépère et sage.... propre à la série des Spirou. Petit reproche tout de même à faire à ce second épisode qui met en lumière l'usage de la drogue - notamment de la pervitine par la soldatesque autant que les dirigeants nazis et jusqu'à l'ensemble de la population allemande notamment sous forme de pralines comme illustré dans la bédé, tout cela s'inspire d'un livre recensé dans ces pages (le jdm 2484 de février 2017) et dont l'auteur allemand, Norman Ohler, à révéler l'ampleur du phénomène (le patient A n'est autre qu'Adolf Hitler) voici quelques années à peine sous le titre L'extase totale : Le 3e Reich, les Allemands et la drogue (éditions La Découverte). Il eut été plus "sport" (pour rester dans l'ambiance britannique du livre) et reconnaissant d'au moins le mentionner. Mais bon: à la guerre comme à la guerre...