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Les scanners IRM accessibles aujourd'hui dans nos hôpitaux sont en général dotés d'un champ magnétique allant de 1,5 à 3 Tesla. Celui de l'IRM MAGNETOM Terra de Siemens Healthineers qui a pris place récemment au GIGA-Centre de recherche du Cyclotron atteint les 7 Tesla, soit un champ magnétique 140.000 fois plus puissant que celui de la terre, pour un investissement de près de 9 millions d'euros financé par le FEDER, la Wallonie, le FNRS et l'ULiège. " C'est comme d'augmenter le nombre de mégapixels dans un appareil photo : vous augmentez la résolution ", explique Gilles Vandewalle, chercheur au GIGA. " C'est particulièrement intéressant pour moi qui travaille sur la régulation du sommeil et de l'éveil, laquelle implique de nombreuses petites structures sous-corticales, présentes dans le thalamus, l'hypothalamus voire dans le tronc cérébral. Avec un 3 Tesla, on peut avoir l'impression que quelque chose se passe dans une de ces structures sous-corticales et, en comparant avec un atlas cérébral, en conclure que c'est probablement telle structure qui s'active. Mais il y a là-dedans des noyaux qui font moins de deux millimètres et qu'il est donc impossible de distinguer. Le 7 Tesla permet de descendre au demi-millimètre et va permettre de mieux les identifier. "Actuellement entièrement dédié à la recherche, le scanner IRM 7 Tesla peut être utilisé dans une perspective d'imagerie structurelle ou fonctionnelle. " On peut demander à la personne de visualiser des images, des visages. On confronte alors cette imagerie fonctionnelle à l'imagerie structurelle, plus précise ", poursuit Gilles Vandewalle. Il constitue l'équipement le plus précis pour étudier le cerveau humain : il en existe 70 dans le monde mais il est le seul disponible en Belgique. " Pour la recherche chez les tous petits animaux, il y a des appareils à 9.5 Tesla : il est en effet techniquement beaucoup plus facile de générer un très haut champ magnétique dans un corps qui fait la taille d'une balle de tennis que dans un corps qui fait la taille d'un ballon de basket. " À terme, l'objectif est de pouvoir utiliser le scanner IRM 7 Tesla en clinique, dans la sclérose en plaques, dans la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson, voire dans certains cancers du cerveau. " Avec une imagerie à 7 Tesla, on a la possibilité de détecter des altérations cérébrales beaucoup plus minimes, or ce sont des maladies où l'avenir est dans la détection précoce, puisqu'elles se caractérisent par une longue phase préclinique, sans symptômes, dans laquelle le cerveau montre des altérations. On pourrait ainsi imaginer pouvoir prévenir ou du moins retarder l'apparition de la maladie ", avance Gilles Vandewalle. Le panel de maladies concernées est d'ailleurs très vaste, de la schizophrénie et l'épilepsie jusqu'à des pathologies non cérébrales. " L'appareil permet de scanner tout le corps avec la même précision et pourrait notamment intéresser des chercheurs qui travaillent sur les articulations. " Une précision en expansion continue.