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Le Dr Jean-Pierre Unger, médecin et chercheur en santé publique, a révélé qu'aux Etats-Unis " le taux de suicide des médecins américains est le plus élevé de toutes les professions, plus haut même que celui des anciens combattants de l'US Army. Ce taux n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il révèle l'importance du burnout chez les médecins (>50% du corps médical) ".Le chercheur souligne que les causes de ce mal-être ne sont pas matérielles. " Le revenu des médecins américains est décent. L'équipement médical et l'environnement hospitalier sont souvent de premier ordre. Les causes sont donc imatérielles. " Le Dr Unger désigne les responsables : la commercialisation des soins et, son corollaire, un haut degré d'industrialisation et standardisation des soins. Ce managed care " ne vise pas à extraire de la plus-value du travail du médecin mais vise à un objectif principal : contrôler les coûts. Ce qui se fait donc nécessairement au détriment des autres objectifs d'accès aux soins, de qualité des soins, de développement professionnel du médecin. "Jean-Pierre Unger a proposé quelques pistes de réflexion pour réduire l'impact de cette industrialisation des soins sur les médecins en Belgique. " La gestion des services de santé doit promouvoir le développement individuel des médecins et des professionnels. Elle doit leur accorder suffisamment de liberté thérapeutique. Il faut une politique de renforcement de l'éthique professionnelle dans les systèmes de santé et dans les services. La gestion des connaissances professionnelles doit être prioritaire. Le coaching des équipes doit permettre le déminage des conflits et du harcèlement. La gestion du personnel doit viser à une motivation immatérielle, symbolique des médecins. La gestion des hôpitaux et des centres de santé, et celle des programmes de santé publique, doivent faire une large place aux médecins. Le paradigme de la gestion industrielle des soins de santé doit être banni de la théorie et de la pratique. "Le Dr Bejjani, organisateur du colloque, a salué la pertinence de cette analyse qui rejoint de nombreuses préoccupations de l'Absym, entre autres, la plus grande implication du corps médical dans les processus décisionnels dans le secteur de la santé. " Il faut rémunérer le médecin pour son activité non-clinique ", a martelé le président de l'Absym-Bruxelles lors du colloque. " Il faut une juste rémunération des actes et des consultations mais aussi du temps pour tout le reste. C'est fondamental et fait partie de notre combat. "