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En 2021, les patients ont déboursé en moyenne 304 euros pour une hospitalisation classique en chambre commune et huit fois plus (2.348 euros) en chambre individuelle. Soit des augmentations respectives de 5,3% et 7,2% par rapport à 2019, révèle le Baromètre AIM 2023 que le jdM a pu consulter en primeur. La raison principale est l'augmentation des suppléments et des frais non remboursables (excepté en hôpital de jour oncologique), qui peuvent engendrer des factures très élevées. La barre symbolique des 1.000 euros à charge du patient a ainsi été dépassée pour 55.000 hospitalisations de jour (+ 19,2% par rapport à 2019) et celle des 3.000 euros pour 3.000 admissions de jour. En hospitalisation classique, 18% des factures ont dépassé les 1.000 euros à charge des patients, 70.132 séjours ont donné lieu à des factures de plus de 3.000 euros et dans 3.885 admissions classiques, la facture a franchi la barre des 10.000 euros. Si les factures exponentielles sont principalement le fait du choix d'une chambre particulière (704 millions d'euros en suppléments d'honoraires et de chambre), l'augmentation des montants peut aussi être liée à du matériel comme des implants et avoir un impact même en chambre à deux, insiste l'Agence intermutualiste, qui regrette que le patient, d'une certaine façon, "signe un chèque en blanc" lors de son admission à l'hôpital. Comme lors des baromètres précédents, l'enquête pointe la forte variabilité entre hôpitaux, et entre séjours au sein même des hôpitaux pour les mêmes pathologies/interventions, les suppléments d'honoraires moyens par hôpital variant, par exemple, de 219 à 2.199 euros pour un accouchement par voie basse, et de 209 à 2.978 euros pour une prothèse de genou. Les suppléments varient également entre les différentes spécialités, voire entre prestataires de la même spécialité médicale. Si un prestataire sur 14 n'atteste jamais de suppléments d'honoraires lors de séjours hospitaliers, 10% de prestataires concentrent quasi la moitié (266 millions) du total des suppléments d'honoraires, souligne l'AIM. L'augmentation des suppléments d'honoraires, calculés en pourcentages des honoraires AMI, se marque à plusieurs niveaux. "Certains hôpitaux ont augmenté leur pourcentage maximal, passant de 100% à 130%, puis 150%", décrypte Françoise De Wolf. "La base sur laquelle les suppléments sont calculés s'est par ailleurs élargie, les hôpitaux ajoutant l'une ou l'autre prestation chaque année: aux chirurgiens se sont ajoutés les anesthésistes, puis d'autres prestataires qui interviennent au cours du séjour hospitalier, pour finir par calculer des suppléments sur tous les postes." Le Baromètre note par ailleurs des divergences entre les informations sur les suppléments affichés données dans les déclarations d'admission, ceux des fichiers Inami et les montants facturés. Sur 13 hôpitaux qui pratiquent 300% (à Bruxelles, principalement), six les facturent réellement. Pas simple pour le citoyen... "Les mesures prises jusqu'à présent ne suffisent visiblement toujours pas", constate Françoise De Wolf, "il faut aller encore plus loin dans la transparence et l'information au patient. Et cette transparence ne doit pas porter que sur des pourcentages, mais sur des montants qui seront traduits dans la facture. Un patient à qui l'on dit "300%" ne peut pas se rendre compte de ce que ça représente au final. Si on calcule 300% d'une prestation à 8.000 euros comme l'hépatectomie totale suivie de greffe orthotopique du foie, on est déjà à 24.000 euros rien qu'en honoraires du chirurgien. On peut agir sur le pourcentage maximal, sur la base de calcul et sur le montant absolu total de la facture pour le patient." "En ambulatoire, le problème est qu'on ne trouve pas de prestataire conventionné du tout dans certains hôpitaux, l'accessibilité n'est donc pas garantie. Par ailleurs, le patient ne pense pas à demander un prestataire conventionné au moment de prendre son rendez-vous, alors qu'il y en a peut-être un", conclut l'auteure.