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"J' ai toujours eu envie d'exercer un métier en rapport avec les autres", confie d'emblée la généraliste. Alors qu'elle hésitait entre le métier de vétérinaire, la médecine ou la pharmacie, le numerus clausus, juste installé, décide de sa destinée. Et ceci, d'autant plus que les étudiants avaient alors la possibilité de faire un stage d'observation en milieu hospitalier en première candidature. "Cela m'a de suite plu", témoigne-t-elle. La médecine généraliste s'est également imposée à elle telle une évidence: "Je voulais faire quelque chose de large et travailler à côté de chez moi. Mon souhait était de rentrer à l'intérieur des gens". Au lendemain de ses études, elle exerce trois ans à Charleroi avant de s'installer à Nivelles en 2014. C'est en Afrique du Sud, où ses parents résidaient alors, que la jeune Chloé découvre l'univers équestre lors d'un match de polo. Elle a six ans. Attirée par les animaux, elle sait que le cheval forgera sa destinée. De retour au pays, elle monte pour la première fois dans un manège à l'âge de neuf ans. S'en suit une relation d'attachement avec son centre équestre nivellois à tel point que, comme de nombreuses adolescentes mordues par cette passion, elle y passera beaucoup de temps jusqu'à ses 18 ans. "Tous les soirs, j'allais monter les chevaux de propriétaires", se rappelle-t-elle. Propriétaire de la sellerie Gilbert à Nivelles, son compagnon est également à la tête du Haras des rosiers. "Le haras est spécialisé dans l'élevage de chevaux d'obstacles", informe le Dr Quenon. Une spécialisation dans laquelle le royaume s'est forgé une réputation mondiale, partageant les champions avec les Pays-Bas, l'Allemagne et la France. Avec la naissance d'une dizaine de poulains par an, le rêve de Chloé Quenon et de son compagnon est qu'un de leur cheval "obtienne les jeux". Quoi de plus normal que de se voir offrir des roses pour un élevage au nom évocateur? Au haras, la majorité des saillies se font sur place. Pour ce faire, ils croisent des juments et des étalons performants. "Un bon sauteur est surtout un bon galopeur qui a de la force dans l'arrière-main, du coeur et qui est bien dans sa tête", insiste l'éleveuse. Les poulains sont débourrés après trois ans de prairie. "Il faut huit à neuf ans pour qu'un cheval soit performant", reconnaît Chloé Quenon. "Nous avons de plus en plus de clients qui viennent de pays qui s'ouvrent aux chevaux de grande qualité". La Belgique est une plaque tournante du commerce mondial et son savoir-faire s'exporte. Ailleurs, ce genre d'infrastructure ne se retrouve pas forcément et le Dr Quenon cite les conditions propres à nos contrées, qui permettent la mise en place de chevaux de qualité. "N'oublions pas que le cheval est un herbivore et qu'il a besoin d'espace. Notre climat tempéré est idéal", insiste la propriétaire. Au Haras des rosiers, les prairies comptent tout au plus deux chevaux à l'hectare. Un professionnel du jumping y est à demeure. Les acheteurs ont dès lors l'assurance d'acquérir un cheval préparé et aux qualités éprouvées. Médecin en journée, on la retrouve en botte en fin de journée ainsi que les weekends. "L'élevage se trouve à cinq minutes de mon cabinet. C'est une forme d'optimisation géographique", indique-t-elle en souriant. Si le Dr Quenon reconnaît que sa vie est géniale, elle souligne également la "grosse gestion" que ce travail engendre. Un second métier lié aux contraintes propre au travail des animaux. Une passion de couple qui nécessite de pouvoir compter l'un sur l'autre.