...

Memphis, juillet 1878. Sur le quai, au bord du Mississippi, Emmy, jeune métisse au seuil de l'adolescence, guette l'arrivée de son père, blanc, de retour de prison. Mais un autre passager, clandestin, s'est glissé à bord du vapeur à roues à aubes en provenance de La Nouvelle-Orléans: la fièvre jaune. Celle auxquels font face trois autres personnages: Anne Cook, tenancière du bordel de la ville, une maquerelle qui a le coeur aussi grand que le lit ; T. Brown, ancien esclave libéré par les troupes honnies du Nord lors de la Guerre de Sécession quelques années plutôt ; quant à Keathing, il est le rédacteur en chef du Memphis Daily et sympathisant assumé du Ku Klux Klan. Ces quatre figures vont se croiser, voire se rapprocher au cours de cet été poisseux, au milieu de ce chaos qui voit la ville désertée et perdre plus de la moitié de ses habitants, victimes de la maladie. Basé sur des faits historiques, découverts par Sébastien Spitzer au détour de la biographie monumentale d'Elvis Presley, "La fièvre" n'a pas le souffle court, mais le style direct de l'ancien journaliste, lequel avoue dans la postface avoir été surpris par la pandémie au cours de sa rédaction. Saisi à son tour par la fièvre de l'écriture, son roman s'il rend compte d'une certaine fébrilité, manque parfois de précision dans les images qu'il voudrait susciter, et garde en effet une distance sociale, l'émotion restant absente d'un récit pourtant tragique. Bref, l'auteur aurait dû tomber le masque....