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Voilà, au conte de fées, le football belge qui en avait bien besoin a préféré... les comptes courants. Les play-offs ont cette fois bien démontré leur utilité (ils n'avaient pas trop eu à le faire jusqu'ici): faire en sorte que les "grands clubs" belges puissent jouer (enfin, surtout se faire humilier) la Champions' League et rafler ainsi le magot au passage. Même un Eric Gerets de la grande époque n'aurait pas remporté le titre de champion avec le Lierse en 1997 avec un tel système. De plus, il n'y avait pas non plus le mercato d'hiver, qui a permis à Bruges à coup de millions de bien redresser la barre. Dans un foot belge secoué par les divers faits de corruption, des soupçons de montres offertes en 2014 aux révélations de l'agent de joueur repenti, toutes des affaires jugées au pénal, mais qui, que l'on se rassure, ne déboucheront sur rien sportivement (Malines est-il descendu voici trois ans pour preuve sonore à l'appui des faits de corruption active?). Règne depuis longtemps (toujours?) de l'entre-soi, renforcé par ce système de play-offs, inchangeable puisque nécessitant un vote de 80% des membres de la Proleague pour être démantelé: il y a quelques années, on avait atteint plus de 70%, chiffre indépassable puisque notamment Genk, la Gantoise et Anderlecht, ces deux derniers étant les promoteurs de la formule " que l'Europe entière nous envie " nous disait-on à ses débuts, n'en démordent pas. Pas sûr que le Club Brugeois par la voix de son président s'y montre encore opposé, compte tenu de la tournure favorable des événements durant ce mini-calcio, souvent soporifique, pour son équipe cette année. Un Bart Verhaeghe qui, pour justifier le "triomphe" de son équipe durant le mini-tournoi notamment pascal, en a appelé à la belgitude, bien en vogue comme on le sait au Nord du pays, de notre championnat, traitant l'Union, qui aurait dû être sacrée, de... Brighton. Il est vrai que le nouveau propriétaire anglais du club légendaire bruxellois est aussi celui de cet autre vénérable du Sud de l'Angleterre et a en effet "inondé" les historiques jaune et bleu d'argent: budget? 20 millions. Bruges? Près de 100! Déjà oubliées, les références journalistiques à Leicester, club moyen qui gagna à la surprise générale il y a quelques années la Premier League avec un noyau réduit (et également épaulé par un investisseur étranger moyen et raisonnable) et fit la nique aux grands. Sauf que les commentateurs belges, dans leur déni de la réalité, oubliaient de mentionner en Belgique la division des points par deux et la multiplication des matchs en fin de parcours avec la pantomime finale. Leicester champion en play-offs? No way! Sans doute, les "grands" belges ne voient -ils pas d'un très bon oeil des Anglo-saxons venir se mêler à leur popote faisandée. On peut en tout cas espérer que l'irruption de Britanniques et d'Américains, que ça plaise ou non, amènera un peu de probité dans ce milieu où tout s'achète, même la voix des petits clubs, pour prolonger la "grande aventure" des play-offs (comme ce fut le cas lors d'un revote voici quelques années). Que l'on sache, les championnats britanniques ne sont pas vérolés par la corruption, ni certainement pas l'allemand, l'espagnol ou le français. Même les Italiens, courants du fait, sanctionnent: ce qui a valu quelques années en Division II à la prestigieuse Juventus. Comme disait Marc Wilmots, le champion désigne le plus régulier durant la compétition. L'éthique, disons même la justice sportive, aurait voulu que l'Union soit champion. Et même la vox populi, interrogée il y a quelque jours au travers d'un sondage du site Sporza, émanation de la VRT, voyait la majorité des supporters vouloir revenir à la formule "ringarde" d'un championnat régulier à 18 équipes, sans division par deux des points... et donc des mérites. Et bien non, tout ça pour préserver les prérogatives des "grands", qui, passé l'hiver, en Europa League, en Conférence (mas pas Champions, en général ils n'y sont déjà plus) se sabordent dès le printemps s'ils y sont toujours, les play-offs approchant, et ne voulant pas rater pour cause de surchauffe la manne de la Champions League et risquer de se faire éliminer en quart de finale de l'Europe ou de la conférence (sic) League, bien moins intéressante financièrement qu'une participation aux premières poules de la coupe aux grandes oreilles. Et quoi? Le niveau belge serait trop faible pour voir des clubs courir deux lièvres à la fois en cours de championnat normal? Que l'on sache Brondby, Copenhague, l'Ajax, le FC Bâle, Benfica ou Porto émargent de championnats réguliers dans des pays de taille similaire en nombre, voire moindre. D'autant que le niveau, les "grands" n'étant pas obligés de se mouiller totalement le maillot vu les possibilités de repêchage contre des petits clubs ou lors de soi-disant "topper" "classico" de phase classique, devient d'un niveau aussi ridicule que l'appellation de ces soi-disant sommets. Le championnat de Belgique n'arrête pas de se déclasser: deux des récents Souliers d'or tutoyaient les 35 ans (l'un n'a jamais réussi à percer à l'étranger, l'autre, plus sagement, n'a pas essayé): les aspirants de l'équipe nationale qui le quittent entourés de louange font le plus souvent banquette (Emond en France, Nmecha en Allemagne pour n'en citer que deux) à moins de partir très tôt (Salemaeckers à Milan) ou alors joue avec l'équipe, c'est vrai, c'est le cas de Siquet qui évolue en effet avec Fribourg... en D3 allemande, puisque il s'agit de la deuxième équipe du club. Plutôt que de jouer les "vite contents" et limiter la prise de risque, les clubs belges devraient revenir à un véritable championnat, avec moins d'argent, mais plus de grinta et de jeunes talents, en privilégiant la possible surprise au terme d'une belle histoire récompensant l'enthousiasme, le supplément d'âme, l'esprit de groupe, le panache et le risque. Tous ces ingrédients dont cette saison l'Union a fait sa force...