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Taïwanaise exilée du continent au moment de la guerre civile entre communistes et nationalistes, Chu T'ien-Hsin, l'âge venu, se décide à effectuer un périple sur le mode touristique de ce qui est devenu son île et son pays, la fameuse Formose, la désormais Taïwan. Étrangère chez elle, vu que la romancière n'est pas de souche taïwanaise, celle-ci exerce un regard aussi acéré et perçant au travers de son oeil pourtant plein d'une mélancolie humide, sur le processus d'effacement constant dont est victime notamment la métropole et ses environs qu'elle met en rapport avec la japonaise Kyoto: cette ancienne capitale de l'empire, qu'elle connaît et apprécie, et qui donne son titre à cet ouvrage. Car Taipei, au contraire de sa jumelle japonaise, est surtout le fait des différentes puissances qui l'on colonisée, chaque occupant successif oblitérant le passage des conquérants précédents, qu'ils soient espagnols, hollandais, japonais, chinois de l'île puis du continent, sans parler de la population aborigène, la seule à être vraiment endémique. Mêlant souvenirs personnels et événements historiques, Chu T'ien-Hsin se livre à une sorte de confession modianesque, sans en avoir ni l'épure ni l'ampleur, utilisant constamment la deuxième personne du singulier, ce qui l'est en effet, mais hélas sans pour autant tutoyer les sommets de la littérature. Du Sebald aux pieds bandés, dont la lecture est qui plus est rendue fastidieuse par le renvoi constant aux notes, près de 250 en fin d'ouvrage, afin de comprendre les références historiques, culturelles ou traditionnelles qui font tout l'intérêt au final de ce livre, lequel permet de connaître et mieux comprendre l'histoire complexe de l'île. À lire donc de préférence sur tablette, bien que cet ouvrage ne restera pas longtemps sur les nôtres.