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Le mécanisme d'échelonnement a été mis sur pied en 2007. Selon ce principe, l'assurance maladie prend en charge une part plus élevée de l'honoraire du spécialiste si le patient dispose d'une lettre de renvoi vers le spécialiste de la part de son MG. Rappelons que le patient a droit à une consultation moins chère par spécialisation et par an. Cette indemnité supplémentaire s'élève par défaut à cinq euros. Pour les personnes qui ont droit à l'intervention majorée et qui, par conséquent, paient un ticket modérateur moins élevé, l'indemnité se chiffre à deux euros. L'étude de l'AIM commandée par la médico-mut étudie les données des sept mutualités pour les années 2019 à 2021. Elle circonscrit le nombre de situations qui auraient pu bénéficier de l'échelonnement. Les consultations auxquelles le mécanisme a réellement été appliqué ont été identifiées à l'aide du ticket modérateur. L'auteur, Xavier Rygaert, comptabilise systématiquement les consultations chez un spécialiste ayant eu lieu dans un délai donné à la suite d'un contact avec le médecin généraliste. Il ne peut toutefois pas établir avec une totale certitude le lien entre les deux. Les prestations relatives aux patients en maison médicale et aux patients sans DMG sont exclues. L'auteur constate que les patients qui ont bénéficié du mécanisme d'échelonnement en 2019 comptaient en moyenne 1,3 consultation à ticket modérateur réduit chez un spécialiste. "Les médecins généralistes qui, cette année-là, avaient transmis une lettre de renvoi, ont permis en moyenne 6,8 consultations échelonnées. Au total, grâce à l'échelonnement, les patients ont payé 150.000 euros de moins en tickets modérateurs. Si l'échelonnement avait été appliqué à l'ensemble des cas potentiels, ce montant se serait élevé à 31 millions d'euros!"En 2019, seul 1,4% du budget de 11 millions a été utilisé. 13 ans après son lancement, l'échelonnement est donc un échec: "Le nombre de consultations chez le spécialiste qui auraient potentiellement pu bénéficier de l'application du mécanisme d'échelonnement est environ 200 fois plus élevé que le nombre effectif. Le nombre de médecins généralistes ayant transmis au moins une lettre de renvoi aurait pu tripler."Petite consolation pour les partisans de ce système: les patients plus âgés l'utilisent un peu plus: "Les personnes âgées de 0 à 18 ans représentent 21% de la population, mais seulement 5% des consultations échelonnées. Les patients âgés de 65 ans et plus représentent 20% de la population, mais 49% des consultations échelonnées. Le pourcentage d'échelonnement observé chez les 0-18 ans ne s'élève qu'à 0,21% (1.139 sur 529.939), contre 0,91% (12.165 sur 1.337.019) chez les 65 ans et plus. L'utilisation limitée chez les 0 à 18 ans tient aussi peut-être au fait que pour une partie des enfants, le pédiatre endosse le rôle du généraliste..." Il ne peut donc pas renvoyer vers un spécialiste. Vu l'impossibilité toutefois de quantifier avec une totale exactitude le phénomène décrit, l'auteur appelle à faire une étude plus approfondie sur le sujet.