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Il s'avance seul. Non, pas seul ; ce n'est pas Roda mais... Vodka, puisque la bouteille, qu'il brandit, le précède: c'est son passe-droit ici. Un arabe qui boit de l'alcool, "je suis des vôtres." Aladin qui lampe... magique! En plus, ce stigmatisé ne se plaint pas: il raconte seulement depuis 2001 - et même avant - le délit de sa gueule, donc de sale gueule, tout en veillant à ce que le public se la fende. Durant le Covid et l'épisode du CST, Roda sympathise avec les rejetés sans pass vaccinal, lui qui a également été longtemps à s'habiller, se déplacer pour finalement se faire rejeter dans les boîtes... de nuit comme de jour. Illustrant aussi comment le discriminé, grâce à ce sentiment, trouve parfois par ce biais une forme d'identité, le comédien aux racines libanaises démontre, toujours de façon humoristique et imagée, comment les préjugés sont de tout bord: il met notamment le doigt sur le fait que le sentiment minoritaire, devient parfois la cause majeure de la mise à... l'index d'une certaine "normalité". Usant sciemment du cliché pour désamorcer le clash et autre bombe à retardement, "Rebelle sans cause" qui n'est jamais lourd, n'est jamais long est pourtant souvent profond. Ceci grâce à la mise en scène d'Éric De Staercke - toujours dans le léger décalage, le sourire poétique et le rire réfléchi -, et bien entendu, surtout, à Roda Farwaz, auteur et interprète qui parvient à évoquer de l'inextricable et dramatique conflit israélo-palestinien, par le prisme d'un petit drame survenu au niveau de son intimité, transformant des territoires occupés et disputés en une terre d'"érection" plutôt que promise. Des grands et petits drames de la vie, Roda Fawaz tire une comédie très... humaine.