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"C'est une demande de nos patients", précise la Dr Florence Hut, directrice médicale du Chwapi. "Pour nous, ce qui était important c'est que ces traitements soient cadrés, qu'ils répondent aux normes de l'organisation hospitalière. Nous sommes accrédités par une société de certification canadienne et, pour elle, qu'il s'agisse des pratiques médicales conventionnelles ou non conventionnelles, il faut qu'elles répondent à un certain cadre. Par exemple, quelles aiguilles, pour quel usage, selon quelles règles d'hygiène? Les aiguilles sont considérées comme un dispositif médical, le choix du matériel se fait donc avec la pharmacie.""De plus", ajoute-t-elle, "l'accréditation Canada est attentive à ce que patients et familles soient associés dans le développement de l'hôpital et des nouvelles activités, et que l'on puisse répondre à certaines de leurs demandes. Ceux qui nous ont interpellés étaient des patients des deux acupuncteurs que nous avons contactés. Nous débutons donc cette activité avec des prestataires qui ont une formation sérieuse et en qui nous avons confiance."De fait, François Malaise et Sébastien Maes sont kinés depuis plus de 20 ans, formés à la base en ostéopathie et ostéo-éthiopathie avant de se tourner vers la médecine traditionnelle chinoise. "Nous avons entamé des études à l'European Shanghai College de Bruxelles où nous avons été diplômés en 2017. Pendant ces années, nous avons effectué trois stages dans des hôpitaux à Shanghai, qui nous ont permis de nous perfectionner et d'obtenir un diplôme reconnu par l'université de médecine traditionnelle chinoise de Shanghai. En 2019, nous avons obtenu un doctorat auprès de la World Federation of Acupuncture-Moxibustion Societies (WFAS) de Pékin, reconnu par l'OMS. Le problème de l'acupuncture c'est que ce n'est pas une médecine reconnue, par conséquent n'importe qui peut se prétendre acupuncteur, c'est pourquoi nous voulons mettre en avant notre formation", souligne Sébastien Maes. "Cela a mis quelques mois à se mettre en place parce qu'il a fallu réfléchir à tout, au flux des patients, au local... Quand une nouvelle pratique entre à l'hôpital, il y a toute une réflexion sur son organisation et son intégration, et le protocole de soins doit être validé par le Comité d'hygiène", indique Florence Hut. En pratique, la consultation d'acupuncture fait partie des services paramédicaux et elle se tient dans les cabinets de kinésithérapie. "C'est bien que ce soit en médecine physique de par l'organisation des locaux, mais aussi de par cette approche pluridisciplinaire que nous voulons renforcer. Pour nous, c'est une technique complémentaire, les acupuncteurs vont donc travailler avec les kinés, les psychologues, les ergothérapeutes, les médecins de médecine physique... Ils pourront aussi discuter des patients qui seront pris en charge dans cette filière pluridisciplinaire", assure Virginie Vissenaekens, coordinatrice des paramédicaux. "C'est une pratique complémentaire aux soins conventionnels", insiste la Dr Hut. "Il s'agit quand même de médecine, même si elle fait référence à la médecine chinoise. L'acupuncture n'est pas reconnue comme une pratique de soins conventionnelle, mais elle a pignon sur rue. En Belgique, elle n'est pas remboursée par l'Inami mais il y a un remboursement partiel octroyé via l'assurance complémentaire des mutuelles. Donc, il y a un certain soutien financier à la pratique de ces activités."Les deux acupuncteurs sont membres de l'Abadic (Association belge des acupuncteurs diplômés de Chine), ce qui permet l'intervention (même partielle) des mutuelles. La consultation d'une heure coûte 50 ?. "L'acupuncture considère l'homme dans son ensemble et par rapport à son environnement, elle s'intéresse à la circulation d'énergie (qu'on appelle Qi ou tchi) dans le corps. La maladie et les symptômes de la maladie sont perçus comme des dérèglements de cette circulation énergétique. Le but de l'acupuncture est de rééquilibrer, de restaurer cet équilibre. C'est un système de compréhension du corps selon l'énergie vitale nourrissant nos organes, nos fonctions vitales ainsi que nos émotions et nos comportements. Cette énergie vitale circule le long des méridiens qui sont reliés entre eux et aux organes", explique Sébastien Maes. L'anamnèse, la forme du pouls et l'analyse de la langue sont les outils diagnostiques qui permettent à l'acupuncteur de faire le bilan énergétique du patient, de détecter les déséquilibres et d'intervenir avant que la maladie ne se déclare. "Mais les malades nous consultent souvent quand l'affection est déjà bien présente. L'acupuncture est basée sur l'observation et est spécifique pour chaque individu, considéré comme rééquilibrable", note-t-il. "Nous sommes ici pour travailler en complémentarité avec la médecine allopathique. La médecine occidentale se focalise sur la cause et cherche à extirper le mal, l'acupuncture s'attache au ressenti, à l'équilibre interne et à l'harmonie avec l'environnement. Aucune médecine n'est meilleure qu'une autre, elles regardent le patient et la maladie d'un angle différent", estime-t-il. La liste des pathologies pour lesquelles l'acupuncture peut être complémentaire à la médecine traditionnelle est longue, depuis la douleur en passant par le sevrage de l'alcool et du tabac, l'appareil orthopédique et le dos, la gastro-entérologie, le stress.... "À Shanghai, un étage entier de l'hôpital est consacré à la médecine traditionnelle chinoise et à l'acupuncture. En France, l'acupuncture se pratique un peu partout à l'hôpital. Nous aimerions rencontrer les différents services: nous avons un beau métier et nous voulons en faire profiter les patients", conclut Sébastien Maes.