...

"M on souhait premier était d'être pilote dans les Antilles ", nous dit d'emblée le généraliste. " Mais lorsque j'en ai parlé chez moi, on me fit remarquer que tous les pilotes étrangers étaient blancs ".. C'est donc traumatisé par ce constat qu'il remit ce rêve à plus tard.Un jour, victime d'une colique néphrétique, celui qui allait devenir le docteur Briand, dû se rendre à hôpital. Il était terrorisé. On voulait l'opérer. Ce premier contact était loin d'être annonciateur d'une vocation. " Tout me faisait peur, je n'osais pas toucher les murs ", nous avoue-t-il en nous observant par-dessus ses lunettes. Mais à la fin du lycée, il prit l'avion pour Paris à l'invitation de sa famille. Son destin allait basculer.Alors que l'objectif de son séjour en France était de donner un coup de main à sa soeur, le constat fut sans appel : cela ne suffirait pas pour rester en Europe. Il opta alors pour la médecine. " Lorsque je suis arrivé à la fac parisienne, ce que j'ai trouvé dans mon assiette m'a fait penser aux gamelles que je recevais lors de mon service militaire ". Une expérience passée dans les Caraïbes et dont il garde encore quelques stigmates. " Je ne vais pas manger comme cela durant toutes mes études " s'exclame-t-il.Prenant son destin ,à bras le corps, il décide de pousser la chansonnette à Bruxelles. " Ma soeur m'avait prêté sa 2CV dont elle ne se servait plus " nous dit-il en rigolant. Mais avant de déposer ses valises et fort de son expérience, le candidat Briand pousse les portes du restaurant universitaire de l'ULB. Chat échaudé craint l'eau froide." Le mess était neuf, on avait du poulet, des steaks sauce maître d'hôtel, ... C'était délicieux ! Durant l'ensemble de mes études, j'ai mangé des frites tous les jours. "C'est nourri au blanc bleu belge et à la bintje, qu'il obtint son diplôme neuf ans plus tard." La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil " nous fait justement remarquer Friedrich Nietzsche. Le Docteur Briand se fit pour sienne cette citation et adopta... l'harmonica. C'est accompagné par le Professeur Olivier Poumay qu'il se lance dans l'aventure dès son arrivée à Bruxelles. " J'en ai fait jusqu'à 10 à 12 heures par jour ", non sans insister sur le fait que la musique fait partie intégrante de la culture martiniquaise.Un instrument qu'il abandonne pour le piano suite à des maux de tête. " L'harmonica demande une très grande concentration " insiste le généraliste qui a rencontré Toots Thielemans.Depuis 20 ans, le Dr Ralph Briand a opté pour les noires et les blanches. Pour ce faire, il est accompagné par le professeur Piotr Paluch, dans un registre tout aussi jazz. Des notes qu'il garde pour lui. " A la maison, cela embête tout le monde. J'essaye de jouer au moins une heure tous les jours " nous dit-il.On allait oublier : si le docteur Briand n'a pas encore passé son brevet pilote, il a obtenu son permis hélico sur Alouette à Paris. Un permis qu'il a retrouvé il y a peu. Il se murmure que sa famille l'aurait caché pour l'avoir un peu plus à disposition.Si son épouse et ses enfants le permettent, le Dr Briand aimerait pouvoir publier ses anecdotes dans un recueil. Si un éditeur souhaite se lancer dans l'aventure, la rédaction vous communiquera volontiers ses coordonnées.