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Quel bilan tirez-vous de cette crise sanitaire ? Patricia Lanssiers : Les hôpitaux ont fait preuve d'une grande capacité de réaction, entre autres pour s'organiser en quelques jours, par exemple pour augmenter le nombre de lits de soins intensifs. Il faut tirer les leçons de cette crise pour le long terme et penser à structurer, et également à financer, cette capacité de réaction. Dans les atouts de notre secteur, il faut pointer la mobilisation du personnel soignant. Indépendamment du mouvement des " blouses blanches ", il y a eu un engagement sans faille du personnel soignant. Nous devons continuer à travailler pour augmenter le nombre d'infirmières et d'infirmiers au chevet des patients. Heureusement, le Fonds " blouses blanches " a été confirmé à la Chambre la semaine passée (lire sur notre site). Notre fédération s'est beaucoup investie dans la concrétisation de ce mécanisme. Cette crise a révélé une grande solidarité entre les différents partenaires des soins de santé, par exemple, entre les généralistes et les maisons de repos, entre les hôpitaux, entre les réseaux même s'ils ne sont pas encore tous officiellement formés à Bruxelles... Des patients ont pu être transférés d'un site hospitalier à l'autre. Il y a eu aussi une bonne collaboration entre les fédérations et les autorités. Nous avons pu compter sur la bonne volonté des hauts fonctionnaires, du gouverneur... Nous étions en contact très régulièrement avec les autorités. Dans le feu de l'action, cette solidarité a été belle à voir. Quel a été le talon d'Achille du secteur ? Une des faiblesses importantes a été la complexité de notre gouvernance et le nombre d'autorités compétentes en matière de soins de santé. Durant la crise, Gibbis a dû siéger dans une quinzaine de groupes de travail différents. Cela montre la volonté des autorités de prendre en compte l'avis des fédérations, mais cela révèle aussi la complexité de notre système. Dans certains groupes, toutes les entités fédérées et l'autorité fédérale étaient représentées. La pénurie du matériel de protection, le flux tendu au niveau de la livraison des médicaments, la mise en place tardive du testing... ont fortement perturbé le fonctionnement des institutions. L'arrêt, bien nécessaire, des activités électives des hôpitaux a provoqué une incertitude financière pour les hôpitaux.