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Toute personne en incapacité de travail depuis plus d'un an est déclarée "invalide" selon la terminologie du service Soins de santé et indemnité de l'Inami. Parmi eux, figurent des personnes souffrant de pathologies diverses. Toutefois, en 2020, parmi les salariés et demandeurs d'emploi, ce sont les "troubles mentaux" qui sont responsables de 36,87% de l'invalidité totale. "Parmi ces personnes en invalidité pour trouble mental, 46,10% souffrent d'une dépression et 19,37% d'un burn-out", constate l'Inami. "Le burn-out et la dépression représentent 24,14% des cas des incapacités de travail de longue durée: le burnout 7,14%, la dépression 17%. Entre 2016 et 2020, le nombre de personnes en incapacité de travail de longue durée pour cause de burnout et de dépression a augmenté de 38,72%: +41,50% pour la dépression, +32,53% pour le burnout."La situation des travailleurs indépendants est nettement différente: si un peu moins des invalides indépendants souffrent de troubles mentaux (24,91%) dont 44,11% souffrent d'une dépression et 25,42% d'un burnout, l'évolution sur quatre ans est plus nette encore: "Entre 2016 et 2020, le nombre de personnes en incapacité de travail de longue durée pour cause de burnout et de dépression a augmenté de 50,93%: 55,60% pour dépression, +43,38% pour burnout."Au total, au 31 décembre 2020, ce sont quelque 78.330 personnes en incapacité de travail de longue durée qui souffrent de dépression et 33.402 qui souffrent de burnout soit 111.732. Fin 2016, ils n'étaient que, respectivement, 55.154, 25.098 et 80.252, indépendants, chômeurs et salariés confondus. Le groupe "Troubles mentaux" pèse 170.224 malades fin 2020 pour un total de 471.040 personnes en incapacité de travail de longue durée toutes pathologies confondues, les indépendants ne comptant bien sûr que pour une faible part (28.913). On se souvient des efforts de la ministre de la Santé publique, Maggie De Block, pour tenter dès 2017 d'inverser ces courbes lancinantes - l'incapacité de travail pèse désormais plus que le poste chômage dans les budgets de la sécurité sociale - avec des programmes de réinsertion au travail demandés aux employeurs. On sait aussi que les deux postes de dépenses - chômage et incapacité de travail - sont quelque peu liés: il est plus "intéressant" financièrement pour un travailleur au bout du rouleau d'être déclaré en incapacité de travail que de tomber au chômage. Mais on constate également ces derniers temps une augmentation des licenciements pour "force majeure médicale" qui sont souvent "proposés" aux travailleurs en burnout par les employeurs qui veulent "tourner la page" (lire encadré). Privés des indemnités de licenciement liées à l'ancienneté - ce qui est en soi-même scandaleux-, le travailleur peut à tout le moins toucher l'indemnité de chômage. Quid de la politique de l'actuel ministre de la Santé publique à cet égard? " Notre politique de retour au travail est axée sur la coordination de toutes les mesures et de tous les parcours mis en place par mes prédécesseurs", précise au jdM Frank Vandenbroucke. "Concrètement, cela signifie que nous voulons proposer le moins possible de mesures additionnelles, mais que nous voulons consacrer notre énergie principalement à l'optimisation et à l'adaptation."Le ministre de la Santé publique va mettre en place des plateformes de communication. "Nous nous engageons à utiliser au mieux toute l'expertise disponible. Nous allons revoir la législation. Mais nous voulons surtout développer un réseau de personnes de contact accessibles. Ces "coordinateurs de retour au travail" seront non seulement les personnes de contact au sein des caisses d'assurance maladie pour toutes les questions concernant les voies de retour au travail, mais ils examineront également avec les personnes concernées quelles sont les étapes recommandées et ce qui est nécessaire pour pouvoir franchir cette étape avec succès. Ainsi, le coordinateur du retour au travail est le connecteur qui met en contact les personnes ayant des questions avec les prestataires de services qui peuvent offrir des solutions. Un élément important de cette nouvelle politique est son caractère facultatif. Ce sont les personnes qui le souhaitent qui se verront proposer cet accompagnement. Je partage cette compétence avec de nombreux collègues fédéraux et régionaux, mais je suis prêt à en assumer le rôle de pionnier."