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Issu d'une famille de grands voyageurs, le Dr Pletincx semblerait avoir hérité de cette frénésie de découvrir le monde dès sa plus tendre enfance. A l'âge de 12 ans, lors d'un voyage en Grèce, il a emprunté la caméra de ses parents et s'est mis à filmer tout ce qu'il pouvait. C'est là qu'est née cette véritable passion. Mais n'y avait-il pas un élément prémonitoire lorsqu'on apprend que cette fameuse caméra, devenue la fidèle complice du jeune adolescent, n'était autre qu'un cadeau offert à ses parents à l'occasion de sa naissance? Quoi qu'il en soit, depuis ce fameux voyage en Grèce, la caméra a toujours été le premier objet glissé dans ses bagages. "Mon grand-père est parti six mois au Brésil. Il a traversé le Sahara en 1930 dans un minibus 4x4. Ensuite mon père a pris la relève et nous a amenés aux quatre coins du monde jusque dans des régions les plus reculées. Lorsque nous sommes partis en Grèce, il y a bien des années, nous avons traversé la Yougoslavie et à l'époque, c'était une véritable expédition. Pour mon premier film, j'ai été servi. En pleine mer Égée, nous avons été pris dans une énorme tempête. Un peu terrifiés, nous nous demandions ce qu'il se passait. Nous avons appris ensuite qu'il s'agissait des répercussions du tremblement de terre qui avait secoué la ville de Skopje, capitale de la Macédoine. L'hôtel où nous avions logé quinze jours auparavant était complétement détruit. Ceci fut le début de mes tournages", nous raconte Michel Pletincx. Ce besoin de filmer tout ce qu'il voit semble depuis faire partie des gènes du cinéaste. Ce qui l'épate, c'est aussi la rapidité avec laquelle la technique a évolué. Aujourd'hui les images sont d'une précision incroyable. "Bien évidemment lorsque l'on revoit des films du passé, on est un peu déçu de la qualité, mais peu importe, les regarder ravive les souvenirs. On revit les moments comme si on y était. Les paysages, les ruines, les cultures, la famille en pleine découverte, c'est formidable de plonger dans l'atmosphère qui aurait pu être enfouie au fin fond de notre esprit. Car, en effet, notre cerveau n'a malheureusement pas la capacité de maintenir en vie les souvenirs qui s'estompent avec le temps", nous confie-t-il. Depuis, Michel Pletincx a parcouru le monde. Le Golfe d'Akaba, la Bulgarie, la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël sont autant de régions parcourues en voiture. "Je me souviens particulièrement de notre passage en Israël. C'était peu avant la guerre des six jours. On a traversé la zone de l'ONU entre Jérusalem-ouest et Jérusalem-est. On a vécu les tensions de l'époque. Je filmais vraiment pour pouvoir revivre ces moments qui, nous le savions, marqueraient l'histoire à jamais." En l'écoutant, nous découvrons combien les images en mouvement ont une place prépondérante dans sa vie. Que ce soit dans son orientation professionnelle ou dans sa vie personnelle, il a toujours été attiré par le mouvement, les belles images, tout ce qui bouge. Serait-ce la raison pour laquelle il s'est tourné vers la gastro-entérologie pédiatrique? Pour visualiser l'intérieur du corps à travers son gastroscope? Même si les images d'un intestin sont loin d'être celles de beaux paysages, dans la façon de les percevoir il pourrait y avoir un lien. Aujourd'hui réaliser des films reste l'occupation favorite de notre interlocuteur. Il a toujours en tête de faire perpétuer ses voyages et de partager son vécu. C'est ce qui le pousse à diffuser ses films au sein de la clinique où il travaille. Avoir été dans des coins les plus insolites, faire de belles rencontres, explorer des endroits inconnus, entrer en contact avec la nature, le monde animalier, les populations, s'immerger dans certaines cultures, sont autant d'expériences qu'il souhaite transmettre. Le dernier reportage que le cinéaste a diffusé concernait l'ascension d'un volcan. Il semblerait que les spectateurs aient tremblé en voyant le film. "Le volcan en question, appelé le Krakatoa, est situé entre Java et Sumatra. J'ai eu l'occasion de m'y rendre avec un vulcanologue. Nous étions un petit groupe de six. En faisant l'ascension, nous avons été tout à coup surpris par des explosions. On a failli avoir des bombes volcaniques sur la tête, c'était très impressionnant. Un mois plus tard le volcan a totalement explosé. Il a disparu et a causé un tsunami qui a fait 400 victimes. Ce voyage s'inscrit donc dans l'histoire, impossible de l'oublier, surtout lorsqu'on revoit les images", nous explique Michel Pletincx. "J'ai parcouru quasi tous les coins du monde", ajoute fièrement le voyageur. St Pétersbourg, Moscou, la Mongolie, la Chine, l'Inde, tous les pays asiatiques, l'Iran, tous les pays d'Amérique du Sud, les États-Unis, le Mexique, l'Alaska... Capturer des scènes animalières, comme la vie des gorilles, explorer l'Arctique, l'Antarctique, la mer de Baffin, rien n'échappe à ce grand explorateur! Il insiste: voyager apporte une telle ouverture d'esprit, que l'on parvient à relativiser et à prendre de la distance par rapport aux petites contrariétés du quotidien. Perfectionniste, le réalisateur aime aussi faire les montages et compose lui-même la musique de ses fims. Même si, à son grand regret, il n'est pas musicien, il adore la musique. Son oreille et sa sensibilité le guident au travers différents programmes pour arriver à atteindre le résultat souhaité. Il s'y consacre tous les jours, cela lui permet de s'évader, de rester en voyage. Il aime autant l'avant, le pendant et l'après, c'est le tout qui compte. Comme pour un concert, c'est l'ensemble qui forme la composition, l'harmonie, le résultat final. Le Dr Pletincx termine en insistant sur l'importance de trouver son équilibre. "Que ce soit en partageant les moments exceptionnels vécus lors d'un voyage, en soulageant mes petits patients et leurs parents, ou encore, j'oubliais, en cuisinant des repas pour la famille et les amis, j'aime me sentir utile et faire profiter les autres de tout ce que je pourrais leur offrir."