...

Le 16 juin dernier, la firme allemande Curevac diffusait les résultats préliminaires d'un essai de phase 3 réalisé avec un nouveau vaccin à ARNm... qui ne semble efficace qu'à 47%. Une grosse déception après la protection obtenue avec les vaccins de Pfizer et Moderna. La direction de Curevac attribue ces résultats plus que moyens à la circulation élevée de variants (et notamment du variant lambda ou péruvien) dans les pays d'Europe et d'Amérique du Sud où a été réalisée l'étude. Pourtant, les autres vaccins à ARNm tirent fort bien leur épingle du jeu en présence de divers variants: d'après une étude britannique, celui de Pfizer-vaccin affiche ainsi une efficacité de 92% contre le variant alpha (britannique) et de 83% contre le variant delta (indien). D'autres travaux réalisés au Qatar avec ce même vaccin font état d'une efficacité de 90% contre le variant alpha et de 75% contre le variant béta (sud-africain). Les résultats du vaccin Curevac étaient du reste peu encourageants dès le premier essai de phase 1. Les dosages testés allaient de 2 à 20 microgrammes d'ARNm par dose, dont les plus élevés provoquaient trop d'effets secondaires. La dose de 12 microgrammes, mieux supportée, débouchait sur des titres d'anticorps neutralisants bien plus faibles que ceux obtenus avec les deux autres vaccins à ARNm. Certains experts pensent que la différence d'efficacité pourrait être due à la structure de l'ARNm. Les vaccins de Pfizer et de Moderna contiennent en effet une forme d'ARNm modifiée, qui comporte en lieu et place du nucléotide naturel qu'est l'uridine une pseudo-uridine légèrement différente. Cette spécificité lui permet d'échapper à la réaction immunitaire déclenchée par l'organisme contre un corps étranger. Le vaccin de Curevac, lui, contient de l'uridine ordinaire et tente de contourner la réaction immune par une légère modification de la séquence de l'ARNm (qui n'influence pas la synthèse de la protéine spike pour laquelle il code). Certains spécialistes ne voient toutefois pas le potentiel de l'ARNm non modifié d'un oeil aussi pessimiste. Curevac annonçait que son vaccin pourrait facilement être conservé au réfrigérateur, mais il est possible que sa stabilité à ce niveau ait été surestimée. Entre-temps, un second vaccin à ARNm non modifié est déjà en préparation chez Curevac et semble induire des titres d'anticorps sensiblement plus élevés que son prédécesseur. Nous finirons donc bien par savoir si cette piste est vraiment prometteuse...