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La migration, la guerre, l'instabilité financière, le changement climatique, mais aussi le désir de davantage d'équité ou la percée de l'IA... Nous évoluons aujourd'hui dans un monde complexe", démarre Pascal Verdonck, président du jury du Prix Galien dédié aux dispositifs médicaux et professeur de technologie médicale à l'Université de Gand. "Les soins de santé, en tant que système, sont extrêmement complexes.""Sondez, détectez, répondez" : c'est ce que les manuels scolaires de commerce enseignent sur la gestion des systèmes complexes. "Il faut permettre d'expérimenter pour identifier ce nouveau système fonctionnel", rétorque Pascal Verdonck. "Pour ce faire, le domaine des technologies médicales constitue un cas par excellence.""D'ici 2040, les soins de santé tels que nous les connaissons aujourd'hui n'existeront plus", prédit le professeur de l'UGent. "Le secteur des sciences de la vie et des technologies de la santé est au bord d'une perturbation à grande échelle."Pour Pascal Verdonck, ce changement se fera par la "ligne zéro", soit des plateformes de données ouvertes et sécurisées et des soins axés sur le patient. "Cela entraînera un changement fondamental de 'soins aux malades' vers des 'soins de santé'. Même si la maladie ne sera jamais complètement éliminée, grâce à la science, aux données et à la technologie, nous serons en mesure de l'identifier plus tôt, d'intervenir de manière proactive et de mieux comprendre sa progression pour aider les patients plus efficacement. L'avenir sera axé sur un mode de vie sain et le bien-être, une détection précoce si nécessaire, gérés par des systèmes de santé, y compris de nouvelles entreprises technologiques qui assument de nouveaux rôles pour générer de la valeur dans un écosystème de santé transformé."Aujourd'hui, l'industrie des MedTech mûrit et se consolide dans cet environnement en évolution rapide: elle représente un marché de 160 milliards d'euros, rien qu'en Europe. "L'innovation dans les MedTech doit aujourd'hui générer des produits rentables, adaptés aux besoins locaux et offrant de meilleurs résultats médicaux. L'innovation est donc l'outil clé pour transformer le système de santé vers des soins de santé fondés sur la valeur", analyse Pascal Verdonck. Il y a dix ans, le Pr Verdonck rédigeait une prise de position pour le pendant flamand de l'Académie royale des sciences et des arts de Belgique. L'intitulé: "La technologie médicale est le moteur des soins de santé innovants". Dix ans plus tard, l'homme estime que les défis qu'il avait identifiés alors existent encore aujourd'hui. "L'industrie, les hôpitaux, les médecins, le personnel paramédical et autres disposent de canaux de négociation séparés avec le gouvernement et il n'existe pas de table ronde intégrée des partenaires de la chaîne de valeur."Si les nouvelles technologies qui arriveront demain sont déjà connues - capteurs portables, avatars numériques, appareils imprimés en 3D, IA en médecine de précision d'ici 2015 ; et, d'ici 2023, la bio-impression 3D et la nanorobotique entre autres - intégrer ces nouvelles technologies dans les soins de santé quotidiens reste un chemin extrêmement difficile en Belgique et même en Europe. Pour y arriver, Pascal Verdonck soutient les récentes recommandations de beMedTech (lire page 12) dans son mémorandum qui visent notamment à un accès accéléré aux technologies médicales, un écosystème intégré et une régulation moderne. Mais il reste lucide: "Soyons honnêtes, dans une solution système complexe, il faut parfois ajuster le calendrier."