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Dans l'édition du 20 janvier 2022 du Journal du Médecin, le Dr Michèle Langendries a publié un article intitulé "Un retard psychomoteur pour la génération covid?". Cet article rapporte les observations de chercheurs qui ont constaté un retard du développement psychomoteur chez des enfants nés pendant la pandémie en les comparant à des enfants nés avant. Il s'agit d'enfants indemnes du Coronavirus nés de mères elles aussi indemnes du Coronavirus. L'hypothèse avancée par les chercheurs pour expliquer ce retard du développement psychomoteur est l'augmentation du stress prénatal maternel lié à la pandémie. Cette hypothèse cadre bien avec les connaissances acquises depuis plus de 30 ans dans le domaine du stress prénatal(1). En résumé, l'excès de stress causé par les incertitudes liées à la pandémie augmente le passage transplacentaire du cortisol et induit dans le cerveau du foetus des altérations épigénétiques, par méthylation de l'ADN notamment(2), qui vont être responsables de troubles du développement de l'enfant.(3) Ce constat risque d'inquiéter les femmes enceintes et leur entourage lorsqu'il sera diffusé dans la grande presse. Il y a heureusement des possibilités de prévention et de résilience dont les médecins généralistes, gynécologues et pédiatres devraient être informés pour qu'ils puissent apaiser l'anxiété de leurs patientes enceintes et de leur entourage. Pendant la grossesse, le soutien social perçu, celui qui apporte un ressenti de mieux être, augmente le taux d'ocytocine qui imprègne le cerveau. Cette ocytocine possède un effet anxiolytique et diminue le taux de cortisol et par conséquent son passage transplacentaire(4). Le soutien social perçu diminue aussi le passage du cortisol chez le foetus par un autre mécanisme. Il augmente dans le placenta la synthèse de l'enzyme 11b-hydroxysteroid dehydrogenase type 2 (11b-HSD2) qui transforme le cortisol forme inactive(5). Après la naissance, les caresses maternelles affectueuses données à l'enfant effacent les méthylations qui se sont produites pendant la grossesse sous l'influence du stress prénatal(6), permettant ainsi la résilience qui est possible grâce à la plasticité neuronale des premiers mois de la vie après la naissance.