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Les autorités sanitaires belges et notre ministre de la Santé publique conseillée par les plus estimés virologues, nous chantent le couplet habituel : " la situation est sous contrôle, rentrez chez vous ". Ne devrions-nous pas, au contraire, écouter le célèbre oiseau de mauvais augure Nassim Nicholas Taleb ?Il fait dans Le Point (27 février 2020) l'éloge de la panique. " L'incertitude liée à la virulence d'une épidémie majeure permet de prendre plus facilement les décisions qui s'imposent, paradoxalement. Être alarmé par le risque de pandémie n'est pas problématique ! Les médecins sont très bons pour comprendre ce qui se passe à l'échelle d'un individu ou d'un petit groupe, mais ne comprennent pas ce qui se passe à l'échelle d'un grand groupe. Il ne faut jamais sous-estimer les effets multiplicatifs : et surtout, il faut éviter les comparaisons bidon en déclarant, par exemple, que plus de gens sont morts dans des accidents d'auto. Les accidents d'auto ne sont pas multiplicatifs ! "Ne tombons-nous pas dans ce piège en répétant que la grippe normale tue 300.000 personnes par an dans le monde et que c'est bien plus grave ? " La différence avec la grippe saisonnière, c'est qu'on est quasiment sûrs que le nombre de morts ne sera pas extrêmement important ! Pour ce nouveau virus, nous n'avons pas cette certitude. C'est toute la différence. Il faut raisonner par l'inconnu, et non par le connu ", insiste Taleb. " Dans ces conditions, assez restreintes, où la virulence comme la mortalité sont très incertaines, il faut paniquer ", recommande même l'essayiste qui avait prévu la crise financière de 2007 basée sur les subprimes. Car la Chine a, en raison de sa situation de hub mondial, un effet multiplicateur beaucoup plus important que l'Afrique qui a souffert de la pandémie d'Ebola. La virulence modérée du coronavirus permet aussi à beaucoup de malades de le propager puisqu'ils ne meurent pas sur place." À long terme, on ne peut survivre que par paranoïa ", rigole Taeb. " Sans paranoïa, pas de survie. Beaucoup de réactions de panique naturelle nous ont permis de survivre des centaines de millions d'années, mais maintenant les gens appellent ces réactions 'irrationnelles'. Mais ce n'est pas irrationnel, ce sont les psychologues spécialistes du risque qui le sont. "Dès lors, Maggie De Block est-elle bien inspirée lorsqu'elle précise (encore mardi) que " si les cas de contaminations au coronavirus Covid-19 se multiplient à grande vitesse en Italie depuis le week-end, il n'y a pas de raison de paniquer chez nous"? Surtout si elle ajoute immédiatement : " Le risque que le virus atteigne notre pays est réel " et que " s'il fallait mettre tout un village en quarantaine on le fera ". Ne nous prend-elle pas un peu pour des couillons?Rappelons qu'à l'heure d'écrire ces lignes (mardi), l'épidémie de pneumonie virale avait contaminé près de 77.000 personnes en Chine et avait fait 2.400 morts. 219 personnes avaient été contaminées en Italie dont 167 dans la seule région de Lombardie. Le Carnaval de Venise qui avait commencé en fanfare le 8 février a été stoppé dimanche. Les villes de Codogno, Casapusterlengo, Castiglione d'Adda, Maleo, Fombio, Bertonico, Castelgerundo, Somaglia, San Fiorano, Terranova dei Passerini et Vo Euganeo ont été mises en quarantaine. Les Affaires étrangères priaient lundi les nombreux Belges qui sillonnent l'Italie en cette période d'être prudents ou de rentrer à la maison...Conclusion : il est peut-être bon de paniquer un peu. Cela stimule l'organisme et les réflexes de défense.