...

Prenant pour objet ou plutôt pour prétexte, les aventures de Tyll Ulespiègle (dommage cette traduction : c'est soit l'Espiègle ou Ulenspiegel qui renvoie au miroir de l'humanité et la sagesse de la chouette), il en donne la version allemande, plus ancienne que celle de Charles De Coster : Kehlmann la situe en pleine Guerre de Trente Ans, atroce conflit religieux entre catholiques et protestants, qui ravagea le Saint-Empire Romain Germanique et même au-delà. Un conflit certes épouvantable, mais presque oublié en dehors de l'Allemagne, tant d'autres guerres l'ont surpassé dans l'épouvante depuis. L'écrivain Pierre Pelot en avait donné un aperçu horrifique et vosgien il y a 17 ans dans C'est ainsi que les hommes vivent.Accompagné de Nele, Tyll use de sa franchise et de son bon sens de bouffon pour faire réfléchir les puissants qu'il croise, dont l'éphémère et falot roi de Bohême et son épouse, en les renvoyant à leurs contradictions et leurs vraies natures. Un fou qui prend souvent la tangente, plutôt que la diagonale, au travers de ce roman à la fois elliptique, picaresque, choral, dont le saltimbanque n'est pas narrateur, mais contradicteur jamais futile. Ainsi fut Tyll...