Les traitements antirétroviraux protègent les cellules sans VIH contre l'infection par le virus mais ils n'ont pas la capacité d'attaquer les cellules dormantes où le virus attend l'occasion de frapper. Sous traitement antirétroviral, ces cellules rares, appelées collectivement le réservoir latent, restent endormies. Cependant, si le traitement est interrompu, les cellules réservoirs du VIH peuvent se réveiller, produire du nouveau VIH et infecter d'autres cellules du corps. Pour cette raison, il est peu probable qu'un remède contre le VIH fonctionne sans élimination ou suppression définitive de ces cellules réservoirs. Alors que la capacité d'identifier ces cellules dormantes a longtemps échappé aux scientifiques, le Dr Weiwei Sun de l'Institut Ragon (Massachusetts General Hospital, Boston) et ses collègues ont utilisé une méthode de séquençage particulière afin d'identifier, dans un premier temps, les cellules réservoirs du VIH puis d'en étudier la surface à la recherche de potentielles caractéristiques communes. Leur étude, publiée dans la revue Nature, a analysé des échantillons de sang périphérique de cinq personnes vivant avec le VIH : quatre étaient sous traitement antirétroviral et une était "contrôleur du VIH" en l'absence de tout traitement. Tous avaient maintenu des charges virales indétectables durant au moins neuf ans.

Cellules réservoirs du VIH issues du sang périphérique

Les chercheurs ont isolé et analysé plus de 500 000 cellules CD4+ mémoire du sang périphérique de ces cinq personnes vivant avec le VIH identifiant 193 cellules réservoirs qui abritaient des génomes intacts du VIH. Ils ont ensuite comparé la fréquence à laquelle ce groupe de cellules exprimait 53 protéines de surface par rapport aux cellules non infectées. L'analyse a révélé que, par rapport aux cellules sans virus, les cellules réservoirs avaient une prévalence plus élevée en récepteurs de point de contrôle immunitaire qui inhibent la fonction des lymphocytes T. La présence accrue de ces protéines de point de contrôle peut agir comme une sorte d'armure camouflée pour les cellules réservoirs du VIH, réduisant leur visibilité et leur vulnérabilité aux attaques immunitaires. De plus, les résultats ont montré des niveaux plus élevés de biomarqueurs associés à une résistance accrue aux attaques des cellules CD8+ et des cellules tueuses naturelles (NK) qui cherchent, toutes deux, à éliminer les cellules contenant le virus.

Cellules réservoirs du VIH issues des ganglions lymphatiques

Les chercheurs ont ensuite répété l'expérience mais, cette fois, en utilisant des cellules réservoirs du VIH dérivées des ganglions lymphatiques. Parmi près de 400 000 cellules CD4+ de ganglions lymphatiques prélevées sur trois personnes qui avaient maintenu un traitement antirétroviral pendant environ 10 à 15 ans, ils ont isolé 111 cellules réservoirs avec des génomes intacts du VIH. A nouveau, les chercheurs ont trouvé des niveaux plus élevés de protéines de surface qui conféraient un avantage d'évitement de l'immunité mais, par rapport aux cellules réservoirs dérivées du sang périphérique, ils ont identifié moins de récepteurs de point de contrôle immunitaire et moins de biomarqueurs associés à une résistance accrue à la destruction par les cellules CD8+ et les cellules tueuses naturelles (NK). Cependant, par rapport aux cellules non infectées et aux cellules réservoirs du VIH dérivées du sang périphérique, les cellules réservoirs du VIH dérivées des ganglions lymphatiques ont montré des niveaux plus élevés de différents récepteurs de surface qui protègent contre l'apoptose. Au final, les résultats observés indiquent que la longue persistance des cellules réservoirs du VIH résulte de la pression sélective exercée par le système immunitaire qui les force à adopter des techniques d'évitement lesquelles varient en fonction du type de tissu, sang périphérique ou tissu ganglionnaire.

Le voile se lève......tout doucement !

Les auteurs de l'étude notent que l'identification de nombreux biomarqueurs variant selon les types de tissus ne soutient pas la notion d'un seul biomarqueur commun à toutes les cellules réservoirs. En outre, ils émettent l'hypothèse que, puisque les caractéristiques qui émergent dans les cellules réservoirs du VIH dépendent de la pression sélective exercée par le système immunitaire d'un individu, leurs résultats sont peu susceptibles de s'appliquer universellement aux personnes vivant avec le VIH traitées par antirétroviraux. Par contre, ils soutiennent qu'il est plus probable que les biomarqueurs diffèrent entre les individus et que de nouvelles recherches soient nécessaires pour étudier l'étendue de la variation. Dans leurs conclusions, les investigateurs tiennent à souligner qu'à aucun moment ils ne prétendent que les biomarqueurs identifiés dans cette étude pourraient servir de cibles spécifiques d'immunothérapie. Cependant, l'inhibition de ces molécules protectrices pourrait renforcer la capacité du système immunitaire à attaquer les cellules réservoirs ce qui pourrait, un jour, entraîner une rémission sans médicament chez les personnes atteintes du VIH. Le voile sur l'invulnérabilité des cellules réservoirs du VIH se lève donc tout doucement mais il est est encore long le chemin avant qu'il ne se déchire totalement.

Réf: Sun W. et al. Nature, mise en ligne sur le site avant publication, 04/01/2023.

Les traitements antirétroviraux protègent les cellules sans VIH contre l'infection par le virus mais ils n'ont pas la capacité d'attaquer les cellules dormantes où le virus attend l'occasion de frapper. Sous traitement antirétroviral, ces cellules rares, appelées collectivement le réservoir latent, restent endormies. Cependant, si le traitement est interrompu, les cellules réservoirs du VIH peuvent se réveiller, produire du nouveau VIH et infecter d'autres cellules du corps. Pour cette raison, il est peu probable qu'un remède contre le VIH fonctionne sans élimination ou suppression définitive de ces cellules réservoirs. Alors que la capacité d'identifier ces cellules dormantes a longtemps échappé aux scientifiques, le Dr Weiwei Sun de l'Institut Ragon (Massachusetts General Hospital, Boston) et ses collègues ont utilisé une méthode de séquençage particulière afin d'identifier, dans un premier temps, les cellules réservoirs du VIH puis d'en étudier la surface à la recherche de potentielles caractéristiques communes. Leur étude, publiée dans la revue Nature, a analysé des échantillons de sang périphérique de cinq personnes vivant avec le VIH : quatre étaient sous traitement antirétroviral et une était "contrôleur du VIH" en l'absence de tout traitement. Tous avaient maintenu des charges virales indétectables durant au moins neuf ans.Cellules réservoirs du VIH issues du sang périphérique Les chercheurs ont isolé et analysé plus de 500 000 cellules CD4+ mémoire du sang périphérique de ces cinq personnes vivant avec le VIH identifiant 193 cellules réservoirs qui abritaient des génomes intacts du VIH. Ils ont ensuite comparé la fréquence à laquelle ce groupe de cellules exprimait 53 protéines de surface par rapport aux cellules non infectées. L'analyse a révélé que, par rapport aux cellules sans virus, les cellules réservoirs avaient une prévalence plus élevée en récepteurs de point de contrôle immunitaire qui inhibent la fonction des lymphocytes T. La présence accrue de ces protéines de point de contrôle peut agir comme une sorte d'armure camouflée pour les cellules réservoirs du VIH, réduisant leur visibilité et leur vulnérabilité aux attaques immunitaires. De plus, les résultats ont montré des niveaux plus élevés de biomarqueurs associés à une résistance accrue aux attaques des cellules CD8+ et des cellules tueuses naturelles (NK) qui cherchent, toutes deux, à éliminer les cellules contenant le virus.Cellules réservoirs du VIH issues des ganglions lymphatiques Les chercheurs ont ensuite répété l'expérience mais, cette fois, en utilisant des cellules réservoirs du VIH dérivées des ganglions lymphatiques. Parmi près de 400 000 cellules CD4+ de ganglions lymphatiques prélevées sur trois personnes qui avaient maintenu un traitement antirétroviral pendant environ 10 à 15 ans, ils ont isolé 111 cellules réservoirs avec des génomes intacts du VIH. A nouveau, les chercheurs ont trouvé des niveaux plus élevés de protéines de surface qui conféraient un avantage d'évitement de l'immunité mais, par rapport aux cellules réservoirs dérivées du sang périphérique, ils ont identifié moins de récepteurs de point de contrôle immunitaire et moins de biomarqueurs associés à une résistance accrue à la destruction par les cellules CD8+ et les cellules tueuses naturelles (NK). Cependant, par rapport aux cellules non infectées et aux cellules réservoirs du VIH dérivées du sang périphérique, les cellules réservoirs du VIH dérivées des ganglions lymphatiques ont montré des niveaux plus élevés de différents récepteurs de surface qui protègent contre l'apoptose. Au final, les résultats observés indiquent que la longue persistance des cellules réservoirs du VIH résulte de la pression sélective exercée par le système immunitaire qui les force à adopter des techniques d'évitement lesquelles varient en fonction du type de tissu, sang périphérique ou tissu ganglionnaire.Le voile se lève......tout doucement !Les auteurs de l'étude notent que l'identification de nombreux biomarqueurs variant selon les types de tissus ne soutient pas la notion d'un seul biomarqueur commun à toutes les cellules réservoirs. En outre, ils émettent l'hypothèse que, puisque les caractéristiques qui émergent dans les cellules réservoirs du VIH dépendent de la pression sélective exercée par le système immunitaire d'un individu, leurs résultats sont peu susceptibles de s'appliquer universellement aux personnes vivant avec le VIH traitées par antirétroviraux. Par contre, ils soutiennent qu'il est plus probable que les biomarqueurs diffèrent entre les individus et que de nouvelles recherches soient nécessaires pour étudier l'étendue de la variation. Dans leurs conclusions, les investigateurs tiennent à souligner qu'à aucun moment ils ne prétendent que les biomarqueurs identifiés dans cette étude pourraient servir de cibles spécifiques d'immunothérapie. Cependant, l'inhibition de ces molécules protectrices pourrait renforcer la capacité du système immunitaire à attaquer les cellules réservoirs ce qui pourrait, un jour, entraîner une rémission sans médicament chez les personnes atteintes du VIH. Le voile sur l'invulnérabilité des cellules réservoirs du VIH se lève donc tout doucement mais il est est encore long le chemin avant qu'il ne se déchire totalement. Réf: Sun W. et al. Nature, mise en ligne sur le site avant publication, 04/01/2023.