L'an dernier, la " stratégie interfédérale 2022-2028 pour une génération sans tabac " visait à réduire, d'ici à 2040, à quasi 0 % le nombre de nouveaux fumeurs. Sciensano a sorti sa calculette : ses prévisions, dans l'état actuel des choses, sont moins optimistes.
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Entre 17 et 18 ans : c'est l'âge auquel la plupart des fumeurs au quotidien se souviennent d'avoir allumé leur première cigarette. Arriver à diminuer le tabagisme dans cette tranche d'âge permettrait donc de diminuer les débuts du tabagisme de manière générale, et de tendre à l'objectif " zéro tabac ". En 2022, les autorités interfédérales espéraient réussir, d'ici 2040, à ce que quasi plus aucun jeune ne se mette à fumer (d'où le terme " génération sans tabac "). Second objectif : réduire à 6 % le nombre de consommateurs quotidiens de tabac dans le groupe d'âge des 15-24 ans d'ici 2028. Réalité ou utopie ?Si le nombre de fumeurs quotidiens a bel et bien déjà diminué de 40 % depuis 1997, passant de 25,5 % à 15,4 % en 2018, selon les prévisions de Leonor Guariguata, chercheuse au sein de Sciensano, l'objectif interfédéral ne sera pas atteint si l'on ne prend pas de mesures supplémentaires.L'ex-institut de santé publique observe l'évolution du tabagisme en Belgique depuis plus de 25 ans, grâce à ses questionnaires réguliers dans le cadre de l'Enquête nationale de santé. Ces data permettent d'établir un modèle de forecasting dont les conclusions montrent que sans efforts majeurs ciblant cette tranche d'âge, le second objectif (6 % d'ici 2028) ne devrait être atteint que vers 2039. " De plus, le tabagisme quotidien chez les jeunes de la Région de Bruxelles-Capitale restera élevé ", souligne Leonor Guariguata. Les projections pour les jeunes de 15-19 ans font apparaître que le tabagisme quotidien dans ce groupe d'âge sera de moins de 3 % d'ici 2040 sans mesures supplémentaires. Auquel cas l'objectif interfédéral visant à réduire à (presque) 0 % le nombre de personnes commençant à consommer des produits du tabac d'ici 2040 ne sera pas atteint.Des différences sont par ailleurs notées, en fonction du genre et des régions. Ainsi, la différence dans le nombre de fumeurs quotidiens, plus élevé chez les hommes que chez les femmes, devrait perdurer, tout en s'atténuant : le nombre de fumeuses au quotidien devrait passer sous la barre des 10 % en 2035, mais chez les hommes, il ne faut pas l'espérer avant 2040, toujours selon Sciensano. Enfin, si le nombre de fumeurs quotidiens va diminuer dans toutes les régions, il restera plus élevé en Wallonie qu'en Flandre.En Belgique, le nombre de morts liés au tabagisme est estimé à au moins 15.000 par an. Soit plus de 40 décès chaque jour. On estime par ailleurs que 80 à 90 % des cancers du poumon sont directement imputables au tabac. Le taux augmente tout particulièrement chez les femmes, le nombre de nouveaux cas était de 3.250 en 2019, contre 2.241 en 2010.La SSMG propose plusieurs outils bien utiles d'aide à l'accompagnement au sevrage tabagique de vos patients. La plateforme TabacStop est également une source d'infos fiables pour les patients désireux d'entamer un sevrage.