...

" Où pouvons-nous prendre la photo ? ". " Près de la machine à café", blague Maarten Brusseleers (assistant en cinquième année à la KU Leuven). Les blagues sur leur profession, les trois jeunes anesthésistes les connaissent bien, et les anesthésistes sont apparement de grands amateurs de café. Le cliché est rapidement contré par Shaun De Meirsman (troisième année à la KU Leuven), qui enchaîne avec une blague sur les chirurgiens.C'est l'engagement qui caractérise les trois anesthésistes en face de moi. Il y a quelque temps, ceux-ci ont pris peur à l'annonce des projets de réforme de la ministre De Block concernant le financement hospitalier. Par le biais des soins à faible variation, il y aura un système forfaitaire dans le domaine de l'anesthésie. " Les assistants s'inquiètent ", explique Maarten Brusseleers. " Aujourd'hui déjà, on entend que certains assistants éprouvent des difficultés à trouver du travail, car les associations d'anesthésistes attendent la mise en place des futurs projets de réforme de la ministre. La situation ne s'améliorerait pas si le métier d'anesthésiste se voyait véritablement réduit. "Le cabinet prévoit en effet un montant forfaitaire préalablement fixé pour une série d'interventions au sein de l'hôpital. A l'avenir, les anesthésistes craignent, entre autres, de dépendre à nouveau des autres médecins, à savoir les chirurgiens, et d'y laisser une partie de leur indépendance. Les futures mesures influeraient aussi négativement sur la qualité des soins et donc, sur le patient comme cela a été souligné lors des derniers Etats généraux. De nombreux assistants y ont assisté. " Ceux-ci ont clairement plaidé pour la création d'une association qui ferait entendre leur voix ", explique Shaun De Meirsman, également présent. Selon l'anesthésiste en formation, la " vieille " garde s'est également montrée désireuse d'impliquer les jeunes. " La création de cette association va nous permettre d'entamer les discussions avec l'association professionnelle et scientifique quant à notre poids dans cette discipline, ainsi que dans d'autres domaines ", intervient Maarten Brusseleers" De cette manière, nous pourrons transmettre les bonnes informations à nos collègues en formation. De nombreuses rumeurs courent aujourd'hui dans le métier. Les gens spéculent sur le fait que plus aucun jeune anesthésiste ne sera bientôt engagé. Ce n'est pas la solution. Quand les anciens partiront à la retraite, nous devrons être parés ! "" Les tentatives de création d'une association nationale d'anesthésie n'ont pas abouti par le passé ", raconte Maarten Brusseleers. " Nous étions à la traine comparé à d'autres pays européens, qui comptent presque tous une association d'assistants. En Belgique, il existe plusieurs spécialités où les assistants sont représentés. " Wouter Degrève (entretemps promu anesthésiste) et Maarten Brusseleers ont profité d'une élection dans le cadre du ESA (European Society for Anaesthesiology) trainee council pour fonder une association dédiée également aux assistants. C'est Arnaud Gaudin (assistant en cinquième année à l'UCL) qui a récolté le plus de voix, suivi par Maarten. Les deux hommes occuperont respectivement les fonctions de président et de vice-président. Shaun De Meirsman a rejoint l'équipe plus tard.Le texte d'intention est actuellement en préparation et les points importants du document sont déjà résumés dans leur smartphone. Les thèmes abordés sont non seulement l'information (et la sensibilisation) quant aux plans de réforme de Maggie De Block, mais aussi la formation. " Nous estimons que chaque assistant anesthésiste devrait suivre une formation ALS (Advanced Life Support, ndr). Pour l'instant, nous devons la payer de notre poche, alors que d'autres formations (en chirurgie et en pédiatrie) sont quant à elles prises en charge. "Ensuite, les assistants souhaitent s'entraîner une fois par an minimum à un scénario catastrophe dans un environnement contrôlé. " Certaines universités sont plus en avance en la matière. Cela concerne également le matériel coûteux. Peut-être les écoles peuvent-elles regrouper leurs équipements ", suggère Arnaud Gaudin.Le dernier point en rapport avec la formation concerne les critères de sélection encore flous. " Les facultés ne communiquent pas toutes de manière claire à ce propos ", explique Maarten Brusseleers. " Les étudiants doivent donc aller chercher eux-mêmes l'information. Nous voudrions dresser une liste des critères. Comment rédiger son carnet de stage? Comment être reconnu? Etc. "Cette clarté est nécessaire, de sorte que les étudiants sachent à quoi s'attendre. " Prenez par exemple les assistants qui veulent partir travailler à l'étranger à l'issue de leur formation. Auront-ils les mêmes compétences que leurs homologues étrangers? ", s'interroge Arnaud Gaudin. Des obstacles peuvent également se dresser dans notre pays. " Les anesthésistes formés en Wallonie peuvent travailler en Flandre et inversement, mais jouissent-ils réellement de la même formation? "Par le biais de l'association, les assistants entendent être un point de contact pour toutes sortes de problèmes en rapport avec la formation en anesthésie. Ce groupe entend présenter son fonctionnement lors du prochain congrès de l'APSAR (association professionnelle) en janvier 2018.Emily NazionaleL'association des anesthésistes est en recherche d'input et de membres. C'est votre cas? Ecrivez à l'adresse arn.gaudin@gmail.com ou m.brusseleers@gmail.com.