En collaboration avec la Commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides, le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique a lancé ce mercredi la "Critical Medicines Alliance", dont la présentation s'est déroulée en marge du Conseil informel des ministres de la Santé de l'UE (EPSCO), conjointement avec la Health Emergency Preparedness and Response Authority (Hera). Cette "Alliance pour les médicaments critiques" vise à renforcer la production de médicaments essentiels en Europe, et à optimiser les chaînes d'approvisionnement internationales. "Tous les États membres sont conscients que la coopération est la seule solution. Une coopération accrue permettra de remédier à ces pénuries", souligne un communiqué du cabinet du ministre belge de la Santé.
La coopération pour aider les citoyens européens
Désormais, les pouvoirs publics, l'industrie, les professionnels de la santé et la société civile devront collaborer dans le cadre de cette alliance pour trouver des solutions aux pénuries. Par exemple? En augmentant la capacité de production européenne de médicaments et de composants essentiels, en mettant en place de nouvelles lignes de production. Ce nouvel accord pourrait également rechercher de nouveaux partenaires à l'étranger afin de diversifier l'approvisionnement européen en ingrédients essentiels. "Dans le cadre de la transition verte et numérique de l'Europe, l'Alliance doit promouvoir l'innovation et encore moderniser les capacités de production de l'UE", rappelle le cabinet Vandenbroucke.
La procédure de sélection pour rejoindre l'Alliance s'est déroulée du 16 janvier au 16 février 2024. Experts, représentants de l'industrie et professionnels de la santé et de la société civile ont pu participer. L'Alliance a été créée pour cinq ans, la publication des premières recommandations est attendue pour la fin de l'année.
Pas moins de 250 parties prenantes vont rejoindre cette alliance, qui reste ouverte à d'autres membres
Concrètement, pour renforcer la sécurité d'approvisionnement, l'Alliance va élaborer des recommandations stratégiques pour remédier/éviter les pénuries: "Les principales causes de certaines pénuries seront analysées minutieusement : il peut s'agir d'une dépendance excessive à l'égard d'un nombre limité de fournisseurs externes, d'installations de production obsolètes ou de capacités de production limitées. Les goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement de certains médicaments essentiels figurant sur la liste de l'UE seront identifiés. Cette démarche s'appuiera sur l'analyse de vulnérabilité déjà réalisée par la Commission européenne pour chaque médicament critique. Les recommandations feront partie d'un " plan stratégique " pluriannuel, avec des jalons et des délais de mise en oeuvre correspondants."
L'Alliance réfléchira aux investissements potentiellement éligibles pour un financement de l'UE et des États membres pour doper la production au sein même de l'Union. Elle va aussi examiner comment les stimulants du marché - comme la possibilité d'étendre le recours aux contrats de réservation de capacité et les achats conjoints - pourraient être utilisés. De nouveaux partenariats seront mis en place, qui pourraient conduire à une diversification de la chaîne d'approvisionnement vu sa dimension mondiale et l'intérêt de pays tiers.
A l'origine...
En mai 2023, la Belgique avait présenté aux institutions européennes un plan de lutte contre la pénurie de médicaments. Ce document a été signé par 23 États membres. En octobre dernier, la Commission européenne a décidé de renforcer l'autonomie stratégique de l'Union en matière de médicaments critiques. Une liste européenne de médicaments critiques a été établie, leurs vulnérabilités seront identifiées. "Les États membres s'accordent à dire qu'ils doivent aussi prendre des mesures à court terme pour remédier à la pénurie de médicaments. C'est pourquoi, sous l'impulsion de la Belgique, l'EMA a également mis en place un mécanisme de solidarité", conclut le cabinet Vandenbroucke.