Perpetuum mobile

Elle porte un joli prénom, et est accompagnée par deux ravissantes petites filles aux rastas soignées. Le désordre créé en une dizaine de minutes dans la salle d'attente augure de l'absence de maladie sournoise débilitante, cela va être chaud. L'une et l'autre vomissent fréquemment après le repas, sans pour autant casser leur courbe de poids, et l'anamnèse révèle qu'elles ne demeurent sagement à table qu'un temps fort limité, sautillant, se poussant l'une l'autre, criant, hyperactivées du début à la fin. Une maman qui fait de son mieux et ne comprend guère par où prendre le problème.

Quelques bonnes paroles de bon sens, visant autant à la déculpabiliser qu'à banaliser la symptomatologie, une prescription de routine pour les petits maux de l'existence, et on pourrait en rester là.

Pourriez-vous ajouter ?

Quand tout paraît bouclé, un petit ajout de dernière minute " pourriez-vous renouveler ma prescription d'Emtricitabine Tenof , car je n'en ai presque plus. " Je dois vérifier la nature du produit et un rapide survol de son dossier médical me remet en mémoire que cette maman placide est traitée depuis une dizaine d'années en consultation spécialisée pour un HIV +. Fin de consultation qui me laisse avec toutes mes questions. Le regard quelque peu condescendant porté sur cette jeune maman limitée, peu instruite, pleine de bonne volonté, se modifie par un rapide changement de focale devant la réalité d'une patiente porteuse depuis sa fin d'adolescence d'une infection au sida. Comment aurais-je assumé moi-même pareille situation interférant en permanence avec mon quotidien ?

Ce qui fut une pathologie redoutable se serait-elle à ce point banalisée qu'on ne se souvienne même plus de son existence lors d'une banale consultation ? A l'heure où l'évolution capricieuse de la pandémie à Coronavirus occupe tout le paysage, il peut être bon de garder à l'esprit qu'aucune épidémie n'est éternelle, et que d'autres maux viendront pour la remplacer.

Elle porte un joli prénom, et est accompagnée par deux ravissantes petites filles aux rastas soignées. Le désordre créé en une dizaine de minutes dans la salle d'attente augure de l'absence de maladie sournoise débilitante, cela va être chaud. L'une et l'autre vomissent fréquemment après le repas, sans pour autant casser leur courbe de poids, et l'anamnèse révèle qu'elles ne demeurent sagement à table qu'un temps fort limité, sautillant, se poussant l'une l'autre, criant, hyperactivées du début à la fin. Une maman qui fait de son mieux et ne comprend guère par où prendre le problème.Quelques bonnes paroles de bon sens, visant autant à la déculpabiliser qu'à banaliser la symptomatologie, une prescription de routine pour les petits maux de l'existence, et on pourrait en rester là.Quand tout paraît bouclé, un petit ajout de dernière minute " pourriez-vous renouveler ma prescription d'Emtricitabine Tenof , car je n'en ai presque plus. " Je dois vérifier la nature du produit et un rapide survol de son dossier médical me remet en mémoire que cette maman placide est traitée depuis une dizaine d'années en consultation spécialisée pour un HIV +. Fin de consultation qui me laisse avec toutes mes questions. Le regard quelque peu condescendant porté sur cette jeune maman limitée, peu instruite, pleine de bonne volonté, se modifie par un rapide changement de focale devant la réalité d'une patiente porteuse depuis sa fin d'adolescence d'une infection au sida. Comment aurais-je assumé moi-même pareille situation interférant en permanence avec mon quotidien ?Ce qui fut une pathologie redoutable se serait-elle à ce point banalisée qu'on ne se souvienne même plus de son existence lors d'une banale consultation ? A l'heure où l'évolution capricieuse de la pandémie à Coronavirus occupe tout le paysage, il peut être bon de garder à l'esprit qu'aucune épidémie n'est éternelle, et que d'autres maux viendront pour la remplacer.