Et puis il y a les autres, ces chiffres bien réels qui pèsent sur les budgets en fin de mois. Moins élevés que les nombres fous, ils pèsent pourtant infiniment plus lourd. Quand de sérieux experts prévoient que le budget énergie d'une famille moyenne se dirige vers l'équivalent d'un petit loyer (7.000 euros), la prise en considération du coût de nos prescriptions en pratique quotidienne ne peut être éludé. Quelques exemples vécus tout récemment sont éloquents. Ainsi l'aveu penaud de cette patiente retraitée, affligée par des infections urinaires basses récidivantes investiguées et traitées par une association d'antiseptiques, de canneberge, d'une crème vaginale et de compléments alimentaires stimulant l'immunité. Aisée sans être fortunée, elle redoute désormais le passage mensuel en pharmacie, et les examens de routine en urologie. Tel autre, victime d'un AIT durant ses vacances provençales, s'est vu prescrire un anticoagulant oral (NOACs) hors indication de remboursement, dont le prix équivaut à l'entièreté de ses péages autoroutiers. Le simple renouvellement de prescriptions de routine initiées après un passage en ophtalmologie, en dermatologie ou en ORL a un coût parfois disproportionné au regard de leur efficacité pour traiter des affections d'évolution chronique et irréversible.

Une responsabilité sociale

Une prise de conscience aiguë de la responsabilité sociale du médecin face au renchérissement de la vie quotidienne, et du caractère incompressible de certaines dépenses (transport, frais de scolarité, alimentation, énergie, assurances obligatoires, loyers) devient une priorité au moment de clore une consultation. Tout suivi spécialisé récurrent est-il nécessaire face à une pathologie stabilisée, certaines interventions chirurgicales pour des affections mineures ne peuvent-elles se voir utilement postposées pour permettre une meilleure prise en charge de pathologies plus lourdes ? Quand l'espérance de vie et la mobilité d'un patient diminuent, alléger son agenda médical n'est-il pas indispensable ?

Par ailleurs, la prescription dématérialisée endort la vigilance et explose le budget médicaments. Un seul clic en haut d'une colonne renouvelle le stock, " tout est sur votre carte d'identité, comme d'habitude. " Le prescripteur n'étant pas le payeur, comment traiter l'essentiel au meilleur prix, sans hypothéquer les moyens de survie d'une famille qui doit continuer à vivre décemment, enfants, adultes et vieux confondus ? Si la cataracte de l'ancien est importante, régler les frais de scolarité de ses enfants l'est tout autant, la médecine ne saurait être l'unique priorité. Ma prescription est-elle financièrement soutenable, et tout ce qui est possible est-il accessible ? Quand l'ensemble d'une population vieillit et s'appauvrit, se poser la question n'est guère anodin.

Et puis il y a les autres, ces chiffres bien réels qui pèsent sur les budgets en fin de mois. Moins élevés que les nombres fous, ils pèsent pourtant infiniment plus lourd. Quand de sérieux experts prévoient que le budget énergie d'une famille moyenne se dirige vers l'équivalent d'un petit loyer (7.000 euros), la prise en considération du coût de nos prescriptions en pratique quotidienne ne peut être éludé. Quelques exemples vécus tout récemment sont éloquents. Ainsi l'aveu penaud de cette patiente retraitée, affligée par des infections urinaires basses récidivantes investiguées et traitées par une association d'antiseptiques, de canneberge, d'une crème vaginale et de compléments alimentaires stimulant l'immunité. Aisée sans être fortunée, elle redoute désormais le passage mensuel en pharmacie, et les examens de routine en urologie. Tel autre, victime d'un AIT durant ses vacances provençales, s'est vu prescrire un anticoagulant oral (NOACs) hors indication de remboursement, dont le prix équivaut à l'entièreté de ses péages autoroutiers. Le simple renouvellement de prescriptions de routine initiées après un passage en ophtalmologie, en dermatologie ou en ORL a un coût parfois disproportionné au regard de leur efficacité pour traiter des affections d'évolution chronique et irréversible.Une prise de conscience aiguë de la responsabilité sociale du médecin face au renchérissement de la vie quotidienne, et du caractère incompressible de certaines dépenses (transport, frais de scolarité, alimentation, énergie, assurances obligatoires, loyers) devient une priorité au moment de clore une consultation. Tout suivi spécialisé récurrent est-il nécessaire face à une pathologie stabilisée, certaines interventions chirurgicales pour des affections mineures ne peuvent-elles se voir utilement postposées pour permettre une meilleure prise en charge de pathologies plus lourdes ? Quand l'espérance de vie et la mobilité d'un patient diminuent, alléger son agenda médical n'est-il pas indispensable ?Par ailleurs, la prescription dématérialisée endort la vigilance et explose le budget médicaments. Un seul clic en haut d'une colonne renouvelle le stock, " tout est sur votre carte d'identité, comme d'habitude. " Le prescripteur n'étant pas le payeur, comment traiter l'essentiel au meilleur prix, sans hypothéquer les moyens de survie d'une famille qui doit continuer à vivre décemment, enfants, adultes et vieux confondus ? Si la cataracte de l'ancien est importante, régler les frais de scolarité de ses enfants l'est tout autant, la médecine ne saurait être l'unique priorité. Ma prescription est-elle financièrement soutenable, et tout ce qui est possible est-il accessible ? Quand l'ensemble d'une population vieillit et s'appauvrit, se poser la question n'est guère anodin.