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Au départ de cette enquête, deux constats. " Depuis quelques années, comme dans la plupart des régions du pays, nous remarquons à Charleroi une tendance assez significative vers un regroupement des pratiques ", commente le Dr Patrick Jadoulle, Vice-Président de la FAGC et responsable de la formation. " D'abord parce que la plupart des jeunes généralistes envisagent de travailler plutôt en groupe - toutes formes confondues - plutôt qu'en solo. Ce n'est pas un scoop. Mais ensuite, et c'est plus récent, parce que de plus en plus de généralistes ayant déjà une pratique se décident à s'associer, au moins avec des confrères et parfois avec d'autres professionnels de la santé. "Sur les 420 médecins généralistes membres de la FAGC, 190 ont répondu, soit un taux de participation de 45 %. Deux tiers des répondants travaillent en solo. Et un tiers, donc, a déjà sauté le pas vers la pratique de groupe.22 % des répondants ont indiqué travailler avec d'autres professionnels de la santé. " Sans grandes surprises, il s'agit essentiellement d'infirmières, de kinésithérapeutes et de psychologues ", détaille le Dr Jadoulle.Sur les 190 généralistes interrogés, 44 % ont du personnel d'accueil et 16 % font appel au télé-secrétariat. " Ce qui m'a impressionné, ce sont les 40 % qui ne se font pas aider ", déclare le médecin carolorégien. Ceci étant dit, les conjoints-aidants sont exclus de ces réponses. " Mais cette tendance disparaît peu à peu. La profession se féminise et les conjoints ont souvent chacun un travail. "La FAGC s'est également intéressée aux temps de travail des généralistes. " Nous travaillons encore beaucoup ", indique le Dr Jadoulle. " La grande majorité travaille au moins 5 jours par semaine. " L'enquête va plus loin en distinguant des classes d'âge. Ainsi, la relève a tendance à vouloir diminuer le temps de travail afin de privilégier la vie de famille. Ils sont en effet 36% de moins de 40 ans à travailler moins de 5 jours par semaine contre 9% à ravailler plus de 5 jours. Chez les 60 ans et plus, la tendance est inversée.Dernier constat: en dehors de leur pratique médicale, les généralistes carolorégiens sont 56 % à avoir d'autres engagements professionnels. " Sans grandes surprises également, on retrouve près d'un tiers des médecins actifs auprès de l'Office de la naissance et de l'enfance (ONE), alors qu'un médecin généraliste sur 10 est également médecin coordinateur en MR ou MRS. "C'est sans doute le chiffre le plus notable de l'enquête : 86 % des médecins sont actuellement satisfaits de leur pratique. "Mais il y a quand même une différence marquée entre les pratiques solo/duo et les pratiques de groupe de l'ordre de 10 %", tempère le vice-président de la FAGC. "Ceux qui travaillent en groupe sont en effet significativement plus satisfaits de leur mode de pratique, même si la moyenne est déjà élevée."" Si l'on extrapole les 27 répondants insatisfaits à l'ensemble de la FAGC, nous aurions entre 50 et 60 médecins insatisfaits de leur pratique dans nos rangs, soit un généraliste sur huit. Ce qui n'est quand même pas négligeable. "Pourquoi sont-ils insatisfaits par leur pratique ? Tandis que la FAGC accuse peu de retours des pratiques de groupe, les solistes sont plus expressifs. Plusieurs facteurs sont cités, parmi lesquels la fatigue, la solitude, beaucoup de stress et de surcharge de travail, le manque de possibilité de dégager du temps libre pour la famille et pour les loisirs et, enfin, certains parlent de saturation et estiment être au bord du burn out.Le manque d'université à Charleroi est évidemment un facteur à prendre en compte. " Pour une grande ville comme Charleroi, ne pas avoir d'université est probablement un manque ", reconnaît Patrick Jadoulle. " Maintenant, la réputation de la ville effraie encore certains jeunes, mais je trouve que la situation change. La majorité des stagiaires et des assistants ne sont d'ailleurs pas de Charleroi. Il y a un certain bouche à oreille favorable qui fonctionne chez les étudiants, ce qui prouve qu'à Charleroi, nous pratiquons une médecine intéressante. "" La FAGC contribue à redorer le blason de la médecine à Charleroi ", commente Gianni Maraschiello, responsable administratif de la FAGC. " Nous organisons notamment une journée d'accueil pour les assistants, nous mettons à dispositions des outils tels que les séminaires locorégionaux qui n'existaient pas auparavant. Nous participons encore à des salons tels que Med-G DAY qui nous permettent d'accroître notre visibilité et notre crédibilité. "La solution de s'associer vient naturellement à l'esprit des insatisfaits pour améliorer leur quotidien. " On constate une gradation dans la volonté de pratiquer en groupe, tantôt en désirant simplement une aide administrative, tantôt en exprimant la volonté de travailler avec un autre confrère, si possible plus jeune, voire de travailler en pluridisciplinarité ", détaille le Dr Jadoulle, également actif au sein de la Fédération des maisons médicales.Pour s'associer, le médecin dispose naturellement de ressources, telles que les infrastructures existantes, une patientèle, ou encore des assistants qui désirent prolonger l'aventure au Pays de Charleroi.Néanmoins, le chemin menant au changement est également semé d'embuches. " Les médecins se demandent souvent comment ils vont faire pour s'entendre autour d'un projet qui les rassemble ", témoigne le Dr Jadoulle. " Je trouve que c'est une réponse rassurante. Ils se rendent compte qu'il ne suffit pas de se mettre ensemble dans des locaux pour faire une pratique de groupe, mais qu'il faut une vision commune autour d'un projet. "Certains invoquent encore des obstacles matériels, financiers ou liés à l'âge. Plus étonnant, le manque de temps est aussi mentionné. " Cela correspond à la surcharge évoquée plus haut. C'est peut-être paradoxal, mais il faut trouver le temps d'investir maintenant pour qu'après on puisse gagner du temps. "L'enquête révèle que parmi les médecins souhaitant voir évoluer leur mode de pratique, 5 sur 6 ne savent pas vers qui se tourner pour être aidés. " Cela veut dire qu'il y a vraiment quelque chose à développer pour aider les généralistes qui veulent s'associer à dépasser les obstacles, et qu'il faut continuer toutes les dynamiques mises en place pour inciter les jeunes à s'installer à Charleroi ", avance Patrick Jadoulle.Ceci étant, les médecins semblent suffisamment informés. " Nos généralistes ne sont que 30 % à se dire intéressés ou très intéressés par une séance d'information où chacun viendrait présenter sa forme de pratique pour que chacun dise ses avantages et ses inconvénients. "Par contre, lorsque l'on demande à ces mêmes médecins s'ils trouvent intéressant que la FAGC mette en place une cellule de coaching composée de pairs expérimentés qui pourraient les aider à évoluer, l'intérêt est beaucoup plus marqué. " Cela confirme l'idée sous-jacente à l'enquête : il faudrait que la FAGC s'implique de manière structurée pour mettre en place un dispositif d'appui pour aider les médecins à se mettre en groupe. "C'est justement la suite du travail. " Ce que nous allons faire, c'est rencontrer Santé Ardenne en province de Luxembourg chargées d'accompagner les pratiques de groupe ", explique Patrick Jadoulle. " Nous allons également voir sur quelles ressources nous pouvons compter. Le GBO et la SSMG proposent en effet déjà des outils, sans compter la Fédération des maisons médicales qui a aussi une longue expérience en la matière. "" L'objectif est de structurer un mode d'accompagnement avec pourquoi pas un vade mecum pour aider les généralistes à s'associer. La mise en place est prévue pour la fin de l'année. C'est le bon moment, au vu de la double cohorte de 2018 ", conclut le responsable formation de la FAGC.