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Les HA sont d'une importance cruciale pour l'organisation des soins en Belgique, rappelle l'Académie. En effet, leur mission revêt trois aspects indispensables : la formation clinique des étudiants en médecine, des médecins en formation après le tronc commun et celle de l'essentiel des autres professionnels de soins ; la recherche clinique et " translationnelle " ; l'innovation en matière de technologies médicale et traitements. Les sept HA belges, rappelons-le, comptent approximativement 7.000 lits " universitaires ", dont 1.750 sont attribués à des hôpitaux généraux " à caractère universitaire " dont le lien avec un HA garantit une formation de médecine complète.Cette organisation garantit à la population belge des soins de haut niveau à des prix compétitifs au sein du monde développé.La loi mettant en oeuvre les réseaux hospitaliers cliniques loco-régionaux (RHCL) a été votée à la Chambre en plénière le 14 février 2019. Ceux-ci constitueront à moyen terme le nouveau centre de gravité dans l'organisation du paysage hospitalier. Pour rappel, un RHCL est un ensemble d'au moins deux hôpitaux qui collaborent dans une même zone géographique car ils proposent une offre de santé complémentaire à proximité du domicile de chaque patient. La Loi prévoit 25 RHCL. HA et hôpitaux généraux (HG) sont contraints de faire partie d'un réseau.L'Académie de médecine voit plusieurs obstacles à l'intégration des HA dans un réseau.1/ La recherche clinique et translationnelle est " complètement ignorée ". L'Académie craint pour la pérennité des essais cliniques académiques, avec ou sans apport extérieur, qui diffèrent totalement des " clinical trials ", puisqu'ils sont dirigés et coordonnés totalement par les chercheurs et non par l'industrie pharmaceutique. La présence sur le même campus d'un HA et les laboratoires médicaux académiques est une garantie pour que les HA exercent exclusivement cette compétence en recherche clinique et translationnelle. Le fait que les médecins soient rémunérés par l'HA et l'université garantit qu'ils puissent faire des recherches en toute indépendance. En parallèle, en matière de soins de 3e ligne à haut degré de complexité, il est possible que, les HG réclamant des soins de qualité équivalente et leurs médecins s'étant formés dans les HA, il y ait pour ces derniers un risque que leur expertise de pointe disparaisse, faute d'un flux continu de nouvelles recherches et découvertes.2/Les réseaux peuvent proposer des missions de soins suprarégionales sous la forme de soins de référence (R) et de soins universitaires (U) mais la loi ne précise pas la programmation de ces soins, ce que regrette l'Académie.3/Le fait que 18 réseaux sur 25 ne disposent pas de HA créera un déséquilibre dans la qualité de l'offre de soins. Le déséquilibre dans la formation du réseau " poussera à convertir les missions de soins U (réservés aux HA) en missions R (tous les hôpitaux) afin de pouvoir les proposer dans un nombre accru de réseaux, surtout pour les missions les plus lucratives ". Par ailleurs, cette division des soins R/U aura des conséquences sur l'attractivité des hôpitaux pour les meilleurs médecins qui seront peu enclins à postuler pour des hôpitaux ne proposant que des soins " routiniers ".4/L'Académie craint que le réseautage ne limite pas le nombre de centres médicaux de référence mais les multiplie, les 25 RHCL souhaitant proposer chacun une offre équivalente.5/Elle craint également des différences de performance si le temps et l'argent consacrés par un HA à la formation ne sont pas compensés pour maintenir la qualité de la pratique clinique.6/Quid du statut du médecin universitaire et du médecin en hôpital général ? En effet, au moins 70% des médecins en HA sont salariés (soit de l'hôpital, soit de l'université, soit des deux). En revanche, les médecins travaillant en HG sont généralement des indépendants payés à l'acte, lequel conditionne leur revenu mais aussi le chiffre d'affaire de l'hôpital. Ces derniers étant mieux payés, ils pourraient être poussés à préférer un HG qu'un HA inclu dans le réseau plutôt ou de prendre le statut d'indépendant (voire de " faux indépendant ") au sein de l'HA.L'Académie royale de médecine recommande donc de rendre le statut du médecin universitaire suffisamment attrayant pour qu'il puisse remplir ses trois missions universitaires : pratique clinique, enseignement et recherche.En dépit des réseaux, il est nécessaire, selon l'Académie, que les HA n'offrent pas des soins complexes et de qualité dans tous les domaines de référence et qu'ils collaborent au-delà des réseaux et pas seulement au sein de leur réseau pour ne pas avoir à offrir une gamme complète de soins universitaires.Pour ce faire, les RHCL comprenant un HA doivent développer " un modèle de gouvernance approprié au sein duquel l'université est à même de remplir son rôle légal ".Enfin, les réseaux doivent respecter les critères objectifs internationaux pour définir les missions de soins suprarégionales. Les HA doivent " superviser la dimension universitaire de l'ensemble des soins R et U "...