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L'Association belge des syndicats médicaux (Absym) a très mal pris les récents propos du ministre de la Santé publique dans le Standaard (10/09) exigeant des scans abordables dans chaque hôpital et un radiologue (éventuellement conventionné) qui offre des services eux-aussi abordables. Cerise sur le gâteau, VDB a déclaré : " Notre pays réalise jusqu'à 50% " de scans en plus que la moyenne européenne, souvent à des fins lucratives " et exige que les choses changent rapidement et légalement." Nous comprenons les préoccupations du ministre, mais nous ne pouvons pas approuver une solution telle que le conventionnement obligatoire ", précise le communiqué signé par le nouveau président de l'Absym, le Dr Johan Blanckaert, flanqué du Dr Gerard Moulin-Romsee, président de l'Union belge des médecins-spécialistes de la médecine nucléaire et du Dr Piet Vanhoenacker, président de la Société belge de radiologie (SBR).Ils rappellent que plusieurs mesures ont déjà été prises dans les hôpitaux pour les personnes en difficulté. Par exemple, un tiers du total des patients qui sont vulnérables sont déjà protégés. On pense aussi aux patients oncologiques, aux patients reconnus comme chroniques et aux patients bénéficiant d'une allocation majorée.En second lieu " de nombreux hôpitaux proposent déjà des plages horaires aux patients qui souhaitent un examen au tarif de la convention, quel que soit le statut de conventionnement du médecin ".Il est vrai que l'accord national médicomut 2022-2023 prévoit que des soins abordables doivent être disponibles pour les patients. La Commission nationale médico-mutualiste estime d'ailleurs que " le principe qui veut que les soins aux patients hospitalisés doivent obligatoirement pouvoir être proposés aux tarifs de la convention dans les hôpitaux doit aussi s'appliquer aux examens ambulatoires qui peuvent être uniquement effectués à l'hôpital ".L'argument de l'Absym est qu'imposer les tarifs de la convention remet en cause l'accord médico-mut car celui-ci précise bien que toute discussion sur les suppléments ambulatoires doit se faire en parallèle avec la réforme de la nomenclature en cours et celle de la Loi sur les hôpitaux.L'idée est que les suppléments disparaissent progressivement au profit d'une séparation entre l'acte médical proprement dit et les charges inhérentes à cet acte. Toutefois, si l'Absym veut contribuer à cette évolution, " il subsiste de grandes incertitudes quant aux coûts médicaux, aux rétrocessions sur les examens d'imagerie médicale lourde,... Au lieu de communications médiatiques unilatérales, nous demandons au ministre de trouver des solutions à court et à long terme pour les patients, les hôpitaux et les médecins, grâce à des concertations constructives. "Les radiologues belges font-ils des scans intempestifs à des fins lucratives, comme le prétend le ministre ? Selon l'Absym, " la Belgique n'est pas une exception en matière de " consommation " radiologique par rapport aux pays d'Europe occidentale. En 2018, la moyenne en Belgique était de 95 examens IRM/1.000 habitants contre une moyenne de 67 examens/1000 habitants dans l'UE (chiffres de l'OCDE) : les chiffres belges sont toutefois inférieurs à ceux d'autres pays d'Europe occidentale comme l'Allemagne (149 examens IRM/1000 habitants), l'Autriche (141/1000) et la France (120/1000). Ces chiffres sont supérieurs aux pays d'Europe de l'Est comme l'Albanie et la Roumanie (11 examens IRM/1000 habitants), la Serbie et la Bulgarie (13/1000) et la Pologne (37/1000), mais souhaitons-nous vraiment comparer nos soins de santé à ceux de ces pays ? "Bien entendu, il faut éviter tout examen par CT-scan inutile. Pour ce faire, a été mise en place en collaboration avec la Société belge de radiologie, une aide à la décision clinique. Celle-ci est censée remédier à la surconsommation. Hélas, " ce projet, mené par l'Inami, a connu des retards importants, indépendants de la volonté des organisations professionnelles impliquées ".Quelques autres arguments développés par l'Absym : " L'évolution du nombre d'examens d'imagerie médicale révèle une corrélation directe avec le nombre de consultations effectuées en Belgique. Effectuer délibérément des examens sans avoir au préalable posé des questions cliniques et diagnostiques ne figure pas dans notre formation médicale. Au contraire. Les radiologues sont confrontés à des problèmes (médico-légaux ou autres) s'ils refusent d'effectuer un examen. "En outre, grâce aux diagnostics d'imagerie médicale plus rapides, la survie à des cancers courants a augmenté. " Le ministre veut-il multiplier les listes d'attente en imposant un nombre maximum d'examens par 1.000 habitants et en réduisant ainsi les chances de survie de notre population belge ? "L'Absym critique également les analogies avec les Pays-Bas qu'on qualifie d'exemplaires mais qui souffrent de files d'attente, celles-ci ne concourant pas à l'amélioration de la prise en charge. " En Belgique, une femme atteinte d'un cancer du sein avancé a un taux de survie de 10 % supérieur à celui d'une femme aux Pays-Bas. En outre, la Belgique devance de loin les Pays-Bas pour ses taux de survie au dépistage du cancer du sein, du côlon et du poumon. Par ailleurs, selon ces mêmes chiffres de l'OCDE de 2017 [en parité de pouvoir d'achat], les dépenses de santé par habitant aux Pays-Bas s'élèvent à 3.791 euros, contre 3.554 euros en Belgique. "Enfin, l'Absym rappelle au ministre que des rétrocessions d'honoraires importantes en radiologie aident les hôpitaux (et les services de radiologie) à fonctionner. " Des suppléments sont aussi facturés pour compenser de nombreux examens par RM ou CT complexes mais sous-payés ainsi que le sous-financement de la radiologie interventionnelle. "