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Les avancées technologiques sont là, il faut surtout développer les applications. Comment pourrait-on être opposé à une telle évolution technologique permettant non seulement le transfert d'images et d'autres données mais aussi l'interaction visuelle à distance? S'y opposer serait un peu comme s'opposer au téléphone... ou à internet.Certains craignent la substitution de la relation directe patient-médecin par la communication à distance. Comme le risque existe déjà de ne plus se parler d'une pièce à l'autre mais plutôt de communiquer par téléphone, SMS ou email. Il s'agit plutôt d'une question de bon usage, comme pour toute chose.La télémédecine peut s'étendre du minimum (simple complément de la conversation téléphonique) au maximum (contrôle complet de la situation à distance).Je prendrai six exemples d'application.1-L'avis à distance du senior : nous avons tous connu ces appels téléphoniques nocturnes ou dominicaux pour demander conseil au supérieur hiérarchique, au cours desquels le résident décrit le patient, cite les résultats biologiques pertinents, décrit les radiographies... et s'attend à un conseil éclairé. Il était souvent préférable de se rhabiller à la hâte pour se rendre sur place et apprécier la situation de visu. Aujourd'hui, on peut voir le patient, la biologie, l'imagerie et l'évolution de ces éléments comme si on était sur place. La transmission d'images est bilatérale, si bien que le médecin senior peut apparaître à l'écran et même se déplacer jusqu'au malade (figure)2- L'avis à distance du spécialiste non disponible localement. De la même manière, il peut s'agir d'un avis relevant de quasi n'importe quelle spécialité, allant de la radiologie (déjà implémentée dans un bon nombre de centres) à la dermatologie, la pédiatrie, l'orthopédie ou la cardiologie... Ce type de consultation ne peut pas encore remplacer la consultation traditionnelle (et ne peut être facturée comme telle), mais doit plutôt être considéré comme le complément d'une conversation téléphonique.3- Le contrôle complet d'un service hospitalier à distance. Il s'agit en général de petites unités périphériques qui n'ont pas de staff spécialisé en suffisance. Le système est déjà bien développé aux Etats-Unis afin de prendre en charge des unités de soins intensifs (USIs) par un contrôle à distance exercé par des médecins et/ou des infirmiers spécialisés. Ces centresde contrôle sont déjà assez grands afin de pouvoir assurer la supervision de plusieurs unités dans des hôpitaux parfois très distants l'un de l'autre. On conçoit évidemment aussi les applications dans les pays en voie de développement.4-Les procédures interventionnelles à distance. L'intervention pourrait se faire dans une petite institution périphérique ne possédant pas la technique ou le spécialiste ayant l'expertise suffisante. En cas d'infarctus myocardique, plutôt que de transférer le patient dans un institution relativement lointaine, l'intervention coronaire (PCA) pourra être réalisée à distance dans virtuellement n'importe quel hôpital.5-La supervision des ambulances. L'évaluation du patient à distance permet de superviser les premiers soins, d'orienter le patient vers l'hôpital le plus adapté, de se préparer à l'accueillir (y compris en ayant déjà accompli les formalités administratives élémentaires) et d'assurer une prise en charge rapide et efficace à l'arrivée à l'hôpital. Nous avons commencé un tel programme avec la VUB dans le cadre des AVC et discutons avec les politiciens européens la possibilité de faire de même dans le domaine des traumatismes sévères.6-La communication avec les patients en dehors de l'hôpital : plutôt que de simplement renvoyer le patient à son médecin traitant au terme de son séjour hospitalier, en coupant le contact avec les soignants hospitaliers, la télémédecine permet une coordination des intervenants (en harmonie avec le médecin traitant), ainsi qu'une surveillance du patient à distance. Lors d'une visite récente d'un grand hôpital américain, j'ai été impressionné par l'établissement de plans à la sortie du malade en termes de monitorage continu (pour le patient cardiaque en particulier), les communications à distance combinées à des visites systématiques d'infirmiers avec ou sans pharmacien pour revoir les traitements et des entrevues à distance avec les médecins qui ont été impliqués.Les remboursements de prestations médicales devront s'adapter. Après les prestations du radiologue qui examine une radiographie ou du cardiologique qui regarde un électrocardiogramme à distance, viendra le conseil du dermatologue qui regarde une lésion cutanée ou l'infectiologue qui donne un avis basé sur l'information microbiologique. La communication virtuelle devient d'une qualité telle que c'est 'comme si vous y étiez'.Ces progrès sont fantastiques. Nous ne pouvons les accueillir qu'avec enthousiasme.