Et pourquoi donc ne pourrait-on plus mourir à l'hôpital ? Pour les statistiques, pardi ! Les taux de décès de chaque service hospitalier deviennent disponibles à tout un chacun sur internet. De la transparence, s'il vous plaît ! Le public a le droit de savoir ! Et la possibilité de faire son choix en conséquence. Votre service de chirurgie cardiaque a 4 % de mortalité et celui de l'autre université 2 % ? Je ferai le choix pour mon intervention de chirurgie coronaire. Je ferai peut-être le choix inverse pour mon intervention de chirurgie prostatique. Une question importante est de savoir s'il convient de publier les statistiques de chaque service globalement ou de chaque médecin en particulier, ou des deux ? D'un côté, on peut arguer que c'est l'ensemble d'un service qui est responsable de ses résultats. De l'autre, on peut aussi bien souligner qu'un médecin endessous de la moyenne pourrait tirer celle-ci vers le bas, si bien que ses résultats ne devraient pas être combinés avec ceux des meilleurs du service.

Par conséquent, la consigne est de laisser rentrer le patient mourant à domicile ou le transférer vers une autre institution : peu importe laquelle, mais pas de décès dans notre l'hôpital. Compris ? Les hôpitaux américains recourent parfois à une entourloupe administrative qui consiste à faire sortir virtuellement le patient de l'hôpital pour le réadmettre dans le même service quelques heures plus tard avec l'étiquette de "patient hospice", qui indique que la personne ne recevra que des soins palliatifs. Un mourant de ce type ne compte pas dans les statistiques, puisqu'il est admis pour mourir. Pigé ? Évidemment il ne faut pas abuser de ce truc. On ne tient pas à ce que l'hôpital soit cité dans la presse pour manipulation de résultats....

Impressions de Virginie, USA

J'ai été impressionné par mon séjour récent en tant que visiting professor à l'University of Virginia. Cette institution est très impliquée dans l'évaluation de la qualité des soins. Les statistiques sont disponibles sur tout ce qui peut être mesuré et sont largement communiquées à chacun. Avec encouragement à faire mieux et éviter au maximum les complications. Il y a notamment tous les matins à 10 h précises une réunion à la direction pour discuter des événements des dernières 24 h et faire le point sur la situation hospitalière. La réunion implique une cinquantaine de personnes de la direction et des services concernés. S'il y a eu un décès, un responsable du service impliqué présente en détail les éléments du dossier, avant une discussion très ouverte pour s'assurer qu'on n'aurait pas pu agir différemment. Le médecin et l'infirmier responsables du service discutent avec les autres des tenants et aboutissants de ce décès. Bien entendu, la discussion est sereine mais franche et ouverte. Il semble bizarre qu'on expose ainsi les détails de fin de vie d'un malade à des personnes qui ne sont pas directement concernées... mais précisément, l'idée est que tout le monde doit se sentir concerné. Comment peut-on peux faire la prochaine fois ?

On parle aussi de la vieille dame qui est tombée du lit en tentant de se lever par elle-même (le détecteur de mouvement n'était-il pas bien placé ou n'a-t-il pas bien fonctionné ? ). On revoit évidemment le taux d'occupation de l'hôpital et le nombre d'admissions à l'hôpital et dans les services principaux. On passe ensuite au taux de complications, et d'infections nosocomiales, notamment sur cathéters. Des grands flow-charts se succèdent sur des grands écrans et sont commentés par chaque responsable. On termine la réunion en souhaitant la bienvenue à l'un ou l'autre nouvel acteur important de l'hôpital.

À l'issue de la réunion, un petit groupe de représentants de la direction va visiter un service choisi, pour s'intéresser à sa vie de tous les jours. Le service visité en profite pour brièvement présenter certains aspects de qualité, dont il est fier ainsi que les demandes spécifiques des acteurs terrain. Ces visites permettent des échanges fructueux entre la direction et le personnel soignant pour comprendre ses besoins et écouter ses idées. Très sympa ! Mais s'il vous plaît, plus de morts dans ce service, OK ?

Et pourquoi donc ne pourrait-on plus mourir à l'hôpital ? Pour les statistiques, pardi ! Les taux de décès de chaque service hospitalier deviennent disponibles à tout un chacun sur internet. De la transparence, s'il vous plaît ! Le public a le droit de savoir ! Et la possibilité de faire son choix en conséquence. Votre service de chirurgie cardiaque a 4 % de mortalité et celui de l'autre université 2 % ? Je ferai le choix pour mon intervention de chirurgie coronaire. Je ferai peut-être le choix inverse pour mon intervention de chirurgie prostatique. Une question importante est de savoir s'il convient de publier les statistiques de chaque service globalement ou de chaque médecin en particulier, ou des deux ? D'un côté, on peut arguer que c'est l'ensemble d'un service qui est responsable de ses résultats. De l'autre, on peut aussi bien souligner qu'un médecin endessous de la moyenne pourrait tirer celle-ci vers le bas, si bien que ses résultats ne devraient pas être combinés avec ceux des meilleurs du service.Par conséquent, la consigne est de laisser rentrer le patient mourant à domicile ou le transférer vers une autre institution : peu importe laquelle, mais pas de décès dans notre l'hôpital. Compris ? Les hôpitaux américains recourent parfois à une entourloupe administrative qui consiste à faire sortir virtuellement le patient de l'hôpital pour le réadmettre dans le même service quelques heures plus tard avec l'étiquette de "patient hospice", qui indique que la personne ne recevra que des soins palliatifs. Un mourant de ce type ne compte pas dans les statistiques, puisqu'il est admis pour mourir. Pigé ? Évidemment il ne faut pas abuser de ce truc. On ne tient pas à ce que l'hôpital soit cité dans la presse pour manipulation de résultats....J'ai été impressionné par mon séjour récent en tant que visiting professor à l'University of Virginia. Cette institution est très impliquée dans l'évaluation de la qualité des soins. Les statistiques sont disponibles sur tout ce qui peut être mesuré et sont largement communiquées à chacun. Avec encouragement à faire mieux et éviter au maximum les complications. Il y a notamment tous les matins à 10 h précises une réunion à la direction pour discuter des événements des dernières 24 h et faire le point sur la situation hospitalière. La réunion implique une cinquantaine de personnes de la direction et des services concernés. S'il y a eu un décès, un responsable du service impliqué présente en détail les éléments du dossier, avant une discussion très ouverte pour s'assurer qu'on n'aurait pas pu agir différemment. Le médecin et l'infirmier responsables du service discutent avec les autres des tenants et aboutissants de ce décès. Bien entendu, la discussion est sereine mais franche et ouverte. Il semble bizarre qu'on expose ainsi les détails de fin de vie d'un malade à des personnes qui ne sont pas directement concernées... mais précisément, l'idée est que tout le monde doit se sentir concerné. Comment peut-on peux faire la prochaine fois ?On parle aussi de la vieille dame qui est tombée du lit en tentant de se lever par elle-même (le détecteur de mouvement n'était-il pas bien placé ou n'a-t-il pas bien fonctionné ? ). On revoit évidemment le taux d'occupation de l'hôpital et le nombre d'admissions à l'hôpital et dans les services principaux. On passe ensuite au taux de complications, et d'infections nosocomiales, notamment sur cathéters. Des grands flow-charts se succèdent sur des grands écrans et sont commentés par chaque responsable. On termine la réunion en souhaitant la bienvenue à l'un ou l'autre nouvel acteur important de l'hôpital.À l'issue de la réunion, un petit groupe de représentants de la direction va visiter un service choisi, pour s'intéresser à sa vie de tous les jours. Le service visité en profite pour brièvement présenter certains aspects de qualité, dont il est fier ainsi que les demandes spécifiques des acteurs terrain. Ces visites permettent des échanges fructueux entre la direction et le personnel soignant pour comprendre ses besoins et écouter ses idées. Très sympa ! Mais s'il vous plaît, plus de morts dans ce service, OK ?