Un rapport récent de l'Agence européenne de l'environnement a encore montré l'impact de la pollution de notre environnement de vie sur notre santé : pollution atmosphérique, substances chimiques et perturbateurs endocriniens, changement climatique, air intérieur malsain, ... 13% de l'ensemble des décès au sein de l'UE seraient dus à un environnement de vie mal sain, en Belgique également. Une étude de 2019 estime le coût économique des perturbateurs endocriniens en Europe à 163 milliards d'euros par an. En même temps, il reste encore beaucoup de points d'interrogations. Sur les 84.000 substances chimiques commercialisées, seules 1% sont aujourd'hui étudiées au niveau de leur action perturbatrice endocrinienne. Il y a donc encore du pain sur la planche.

Grean Deal

Avec le Green Deal, la Commission européenne actuelle fait souffler un vent écologique à travers la politique européenne. Récemment encore, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen évoquait, dans son State of the European Union, non seulement le besoin d'une 'Union européenne de la santé' plus forte, mais elle y soulignait aussi les ambitions européennes de faire de l'Europe le premier continent neutre au niveau climatique d'ici à 2050. La lutte contre les substances chimiques dangereuses en fait partie. L'autorisation récente de l'Europe de prolonger l'utilisation du glyphosate jusqu'à décembre 2022 était un signal étrange. Le Conseil supérieur de la santé a également froncé les sourcils et a appelé à oeuvrer enfin à une 'économie plus durable dans laquelle le glyphosate n'a pas de place'.

Depuis 2007, l'Europe planche, avec le projet REEACH, sur une meilleure protection de l'environnement et de notre santé contre les dangers des substances chimiques. Mais avec le Green Deal, on passe à la vitesse supérieure. Avec la stratégie 'de la ferme à la table', on veut par exemple réduire l'usage des pesticides chimiques de 50 % d'ici à 2030. Cet été, le Parlement européen a répété sa demande d'un cadre réglementaire européen pour les perturbateurs endocriniens.

Pour quelques Etats membres - dont la Belgique - , cela ne va pas suffisamment vite. Ces pays ont créé un site internet ensemble (www.edlists.org) afin d'informer un large public sur les substances qui sont déjà connues comme étant des perturbateurs endocriniens ou qui sont étudiées par rapport à leurs propriétés perturbatrices endocriniennes. Notre pays souligne ainsi l'importance de cette problématique.

Plan d'action national

En Belgique, la problématique peut compter sur une attention croissante ces dernières années. En 2018, le Sénat a publié un rapport étoffé comportant des dizaines de recommandations. En 2019, le Conseil supérieur de la santé a rendu un avis visant à limiter l'exposition aux perturbateurs endocriniens, certainement chez les foetus, les bébés, les enfants et les adolescents.

Pour l'instant, le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement coordonne un plan d'action national concernant les perturbateurs endocriniens, en collaboration avec les autorités fédérales et régionales. Les compétences pertinentes pour s'attaquer au problème sont réparties sur les Régions (par ex. l'agriculture), les Communautés (par ex. la prévention de la santé) et le Fédéral. On croise les doigts pour un accord avant la fin de l'année.

En tout cas, les signaux au niveau des entités fédérées semblent prometteurs. Dans le décret prévention, la Flandre a prévu une base légale pour l'organisation de campagnes de sensibilisation autour des perturbateurs endocriniens. Le Planwallon environnement-santé2019-2024 a intégré un objectif explicite relatif aux perturbateurs endocriniens, et en 2020, le premier biomonitoring humain wallon a déjà été lancé. Même son de cloche à Bruxelles, où une résolution a été adoptée en 2019 pour diminuer l'impact des perturbateurs endocriniens, et le gouvernement bruxellois actuel promet des mesures contre les pesticides chimiques.

La santé publique au centre

On ne peut qu'applaudir toutes ces initiatives. Pour les Mutualités libres, le moment est venu d'organiser le 19 novembre un symposium digital autour du thème des perturbateurs endocriniens, où seront présentés notamment les résultats d'une enquête réalisée auprès de 1000 Belges. Il en ressort que la plupart des gens ne sont pas suffisamment au courant de l'exposition aux perturbateurs endocriniens dans leur vie quotidienne et de ce qu'ils peuvent y faire de leur côté. Pensons par exemple à éviter de réchauffer des repas au micro-ondes dans des bols en plastique.

Pour la future politique, les Mutualités Libres voient déjà les priorités suivantes :

-Il est essentiel d'informer et de sensibiliser les citoyens : aujourd'hui, ils sont souvent insuffisamment conscients du risque. Il s'agit d'une matière complexe. Il est donc important que ces messages soient formulés de manière claire et compréhensible. Les mutualités et les prestataires de soins peuvent aussi jouer un rôle dans cette sensibilisation.

-La politique doit partir du principe de précaution : il faut un cadre légal clair où l'on évite de prendre des risques inutiles et où l'on place l'accent sur la protection de la santé publique, même si toutes les preuves scientifiques en sont pas encore disponibles. Les différentes autorités doivent conclure des accords à ce sujet afin de mener une politique uniforme.

-Ecologiser l'innovation et la recherche est un must : seules 1 % des substances chimiques sont aujourd'hui étudiées au niveau de leurs effets toxiques. OEuvrez-y et soutenez la recherche d'alternatives plus sûres. Après la Covid-19, les gens sont prêts à voir les choses différemment. Les autorités doivent en profiter.

-La Belgique peut jouer un rôle de précurseur dans l'Europe : en 2018 déjà, le Sénat a rédigé la recommandation selon laquelle la Belgique doit donner le bon exemple. Notre pays peut unir ses forces avec des Etats membres tels que la France, la Suède et la Danemark qui s'attaquent également au problème des perturbateurs endocriniens et qui, tout comme la Belgique, assureront aussi la présidence de l'UE dans les années à venir.

Il est donc temps de s'attaquer à la problématique des perturbateurs endocriniens. Personne ne veut que ses enfants ou petits-enfants soient malades à cause des perturbateurs endocriniens. Engageons-nous donc, avec la participation de tous les acteurs, et dans tous les domaines. Car les étoiles n'ont encore jamais été autant de notre côté !

Christian Horemans, expert Affaires internationales à l'Alliance des Mutualités Libres

Un rapport récent de l'Agence européenne de l'environnement a encore montré l'impact de la pollution de notre environnement de vie sur notre santé : pollution atmosphérique, substances chimiques et perturbateurs endocriniens, changement climatique, air intérieur malsain, ... 13% de l'ensemble des décès au sein de l'UE seraient dus à un environnement de vie mal sain, en Belgique également. Une étude de 2019 estime le coût économique des perturbateurs endocriniens en Europe à 163 milliards d'euros par an. En même temps, il reste encore beaucoup de points d'interrogations. Sur les 84.000 substances chimiques commercialisées, seules 1% sont aujourd'hui étudiées au niveau de leur action perturbatrice endocrinienne. Il y a donc encore du pain sur la planche.Avec le Green Deal, la Commission européenne actuelle fait souffler un vent écologique à travers la politique européenne. Récemment encore, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen évoquait, dans son State of the European Union, non seulement le besoin d'une 'Union européenne de la santé' plus forte, mais elle y soulignait aussi les ambitions européennes de faire de l'Europe le premier continent neutre au niveau climatique d'ici à 2050. La lutte contre les substances chimiques dangereuses en fait partie. L'autorisation récente de l'Europe de prolonger l'utilisation du glyphosate jusqu'à décembre 2022 était un signal étrange. Le Conseil supérieur de la santé a également froncé les sourcils et a appelé à oeuvrer enfin à une 'économie plus durable dans laquelle le glyphosate n'a pas de place'. Depuis 2007, l'Europe planche, avec le projet REEACH, sur une meilleure protection de l'environnement et de notre santé contre les dangers des substances chimiques. Mais avec le Green Deal, on passe à la vitesse supérieure. Avec la stratégie 'de la ferme à la table', on veut par exemple réduire l'usage des pesticides chimiques de 50 % d'ici à 2030. Cet été, le Parlement européen a répété sa demande d'un cadre réglementaire européen pour les perturbateurs endocriniens.Pour quelques Etats membres - dont la Belgique - , cela ne va pas suffisamment vite. Ces pays ont créé un site internet ensemble (www.edlists.org) afin d'informer un large public sur les substances qui sont déjà connues comme étant des perturbateurs endocriniens ou qui sont étudiées par rapport à leurs propriétés perturbatrices endocriniennes. Notre pays souligne ainsi l'importance de cette problématique.En Belgique, la problématique peut compter sur une attention croissante ces dernières années. En 2018, le Sénat a publié un rapport étoffé comportant des dizaines de recommandations. En 2019, le Conseil supérieur de la santé a rendu un avis visant à limiter l'exposition aux perturbateurs endocriniens, certainement chez les foetus, les bébés, les enfants et les adolescents.Pour l'instant, le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement coordonne un plan d'action national concernant les perturbateurs endocriniens, en collaboration avec les autorités fédérales et régionales. Les compétences pertinentes pour s'attaquer au problème sont réparties sur les Régions (par ex. l'agriculture), les Communautés (par ex. la prévention de la santé) et le Fédéral. On croise les doigts pour un accord avant la fin de l'année.En tout cas, les signaux au niveau des entités fédérées semblent prometteurs. Dans le décret prévention, la Flandre a prévu une base légale pour l'organisation de campagnes de sensibilisation autour des perturbateurs endocriniens. Le Planwallon environnement-santé2019-2024 a intégré un objectif explicite relatif aux perturbateurs endocriniens, et en 2020, le premier biomonitoring humain wallon a déjà été lancé. Même son de cloche à Bruxelles, où une résolution a été adoptée en 2019 pour diminuer l'impact des perturbateurs endocriniens, et le gouvernement bruxellois actuel promet des mesures contre les pesticides chimiques.On ne peut qu'applaudir toutes ces initiatives. Pour les Mutualités libres, le moment est venu d'organiser le 19 novembre un symposium digital autour du thème des perturbateurs endocriniens, où seront présentés notamment les résultats d'une enquête réalisée auprès de 1000 Belges. Il en ressort que la plupart des gens ne sont pas suffisamment au courant de l'exposition aux perturbateurs endocriniens dans leur vie quotidienne et de ce qu'ils peuvent y faire de leur côté. Pensons par exemple à éviter de réchauffer des repas au micro-ondes dans des bols en plastique.Pour la future politique, les Mutualités Libres voient déjà les priorités suivantes :-Il est essentiel d'informer et de sensibiliser les citoyens : aujourd'hui, ils sont souvent insuffisamment conscients du risque. Il s'agit d'une matière complexe. Il est donc important que ces messages soient formulés de manière claire et compréhensible. Les mutualités et les prestataires de soins peuvent aussi jouer un rôle dans cette sensibilisation.-La politique doit partir du principe de précaution : il faut un cadre légal clair où l'on évite de prendre des risques inutiles et où l'on place l'accent sur la protection de la santé publique, même si toutes les preuves scientifiques en sont pas encore disponibles. Les différentes autorités doivent conclure des accords à ce sujet afin de mener une politique uniforme.-Ecologiser l'innovation et la recherche est un must : seules 1 % des substances chimiques sont aujourd'hui étudiées au niveau de leurs effets toxiques. OEuvrez-y et soutenez la recherche d'alternatives plus sûres. Après la Covid-19, les gens sont prêts à voir les choses différemment. Les autorités doivent en profiter.-La Belgique peut jouer un rôle de précurseur dans l'Europe : en 2018 déjà, le Sénat a rédigé la recommandation selon laquelle la Belgique doit donner le bon exemple. Notre pays peut unir ses forces avec des Etats membres tels que la France, la Suède et la Danemark qui s'attaquent également au problème des perturbateurs endocriniens et qui, tout comme la Belgique, assureront aussi la présidence de l'UE dans les années à venir.Il est donc temps de s'attaquer à la problématique des perturbateurs endocriniens. Personne ne veut que ses enfants ou petits-enfants soient malades à cause des perturbateurs endocriniens. Engageons-nous donc, avec la participation de tous les acteurs, et dans tous les domaines. Car les étoiles n'ont encore jamais été autant de notre côté !Christian Horemans, expert Affaires internationales à l'Alliance des Mutualités Libres