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Un nouvel ultimatum provoqué par l'inexorable vieillissement de la population... médicale. Dans une note d'intention, que le jdM a pu consulter, Solidaris tente d'alarmer la ministre de la Santé publique sur la profonde dégradation de l'expertise médicale. En susbtance, " la vague prochaine de mise à la retraite de nombreux médecins-conseils est inquiétante ", avouent les secrétaires généraux Jean-Pascal Labille et Paul Callewaert.Les chiffres de Solidaris parlent d'eux-mêmes: sur 48 médecins, 36 ont plus de 50 ans. Et à l'échelle nationale, 59 % des professionnels ont entre 55 et 75 ans. Or, les circonstances exacerbent cette réalité démographique. Le volume de tâches ne cesse de croître tandis que le nombre global de médecins-conseils n'a pas augmenté." La fonction de médecin-conseil est un des métiers où la distorsion entre la charge de travail et les capacités se fait le plus sentir au niveau des organismes assureurs. Le cadre n'a pas pu suivre les évolutions socio-démographiques de la population des assurés, en termes de pathologies ou de conditions sur le marché de l'emploi ", expliquent les Mutualités socialistes. Fonction répulsive ? C'est que la fonction manque cruellement d'attractivité par rapport aux autres spécialités médicales. " Notamment pour des raisons financières ", stipule la note. Pour faire simple, le fossé des conditions de travail entre médecins-conseils et médecins généralistes ne permet plus d'injecter assez de sang neuf dans les rangs mutualistes." Le niveau de rémunération qui est fixé dans la loi n'a quasiment pas évolulé en dix ans alors que, parallèlement, de nombreuses mesures ont été entreprises pour revaloriser la fonction de médecin généraliste, qui demeure le premier vivier de médecins-conseils potentiels ", nous expose Christopher Barzal, directeur de la com chez Solidaris.Avec le recul de l'âge de la pension, des mesures de plus en plus restrictives sur le plan des aides sociales, les experts médicaux essuient " une agressivité de plus en plus importante des citoyens, tout en devant intégrer une mission d'accompagnement grandissante. Cette charge contribue aussi à fragiliser nos MC plus âgés, qui tombent à leur tour malades (burn out, maladies psycho-sociales) ", affirme Christopher Barzal. Révision du statut... et des contrôles Autant d'éléments qui poussent Solidaris à militer pour une refonte du statut des médecins-conseils. " Cette fonction relève d'une nécessité pour l'accompagnement des personnes malades et a de nombreuses vertus -équilibre vie professionnelle/vie privée, grande variété de pathologies, rôle social-, il convient d'accroître son attractivité ", considère le directeur de la com. Revaloriser, diversifier les compétences et les responsabilités. À défaut, il ne sera tout simplement pas possible d'effectuer un travail de qualité, persiste la note d'intention.Rien que le secteur des indemnités constitue en effet un défi majeur pour l'assurance maladie. Ne serait-ce qu'à la vue du nombre d'invalides, en hausse de 25 % sur les cinq dernières années (de 245.209 à 321.573 en 2014 selon le dernier rapport annuel de l'Inami).L'évolution notable des dépenses témoigne des conditions socio-économiques et des pathologies dont souffre la population. Cela implique naturellement que " les médecins-conseils disposent des instruments nécessaires pour contrôler la conformité et l'opportunité des soins, avec des systèmes efficaces facilitant l'accès du médecin-conseil aux données diagnostiques individuelles, tant en ambulatoire qu'à l'hôpital ", jugent les Mutualités socialistes. Position démissionnaire ? Reconnaissons que les directions médicales des mutualités apportent une expertise dans la mise en place et le soutien des campagnes de prévention. Mais au vu des circonstances décrites ici, ce rôle connexe à leurs missions principales risque d'évoluer à contre-courant des ambitions de la ministre De Block. " Nous ne pensons pas que les médecins-conseils puissent aller plus loin dans le domaine de la santé, notamment en promotion ", déplorent les auteurs. Au mieux, les services de promotion de la santé des mutualités pourraient devenir les opérateurs des entités fédérées, désormais compétentes pour la promotion de la santé.Toutefois, Solidaris souligne la nécessité d'une approche concertée entre organismes assureurs et Inami, médecine du travail et médecin traitant afin de " trouver des solutions adaptées au vécu de chaque individu ".Dans le contexte en général du " disease management ", Solidaris soutient une plus grande délégation des fonctions actuelles des médecins-conseils vers des fonctions paramédicales afin de concentrer leur mission sur l'évaluation de l'incapacité de travail. " La pyramide des âges est catastrophique " La Mutualité chrétienne éprouve la même appréhension que Solidaris à l'idée d'une pénurie de médecins-conseils. Pénurie imminente qui est " étroitement liée à celle qui prévaut en médecine générale. La pyramide des âges est catastrophique d'un côté comme de l'autre "...>Lire la suite " Pas de problèmes imminents " Les Mutualités libres n'observent pas avec inquiétude l'évolution de leurs effectifs " car nous avons engagé des médecins-conseils là où il fallait ", affirme le Dr Philippe Marneth, directeur médical des MLOZ. En revanche, on y constate la même surcharge de travail ainsi qu'un manque d'attractivité...>Lire la suite